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À quoi servent les marchés financiers ?

Créé le

23.06.2011

-

Mis à jour le

25.08.2011

Le 7 juin dernier, Revue Banque organisait, en partenariat avec l'AMAFI et Promontory, la 5e édition du Forum des auteurs sur le thème « À quoi servent les marchés financiers ? », à l'occasion de la parution d'un hors-série sur le même sujet et réunissant 14 contributions d’experts.

Depuis la crise, les marchés sont vus différemment. Non seulement ils ont été au cœur de la crise, mais surtout, leur rôle est devenu éminemment politique. « C’est bien pour cette raison, qu’il semble important de débattre : pour comprendre ce qu’ils font », précise Philippe Tibi, président de l’Amafiet d’UBS en France.

La France, un ADN anti-marché ?

En France, les marchés n’ont pas bonne presse au sein de l’opinion publique. Cette détestation du marché, précise Augustin Landier, professeur d'économie à la Toulouse School of Economics, « est une veille histoire. Bien avant la crise, la relation des Français avec le marché était déjà névrotique ». Cette pathologie remonte à la nostalgie amère des trente glorieuses, marquée par une intervention soutenue de l’État bienveillant. Mais ce schéma ne peut plus fonctionner aujourd’hui et le marché reprend toute sa place.

Michel Henoschberg, professeur à l’Université Paris X, décèle de son côté en France une confusion sémantique dans l’utilisation du terme marché, souvent employé à mauvais escient à la place du terme économie. Or, la France a des rapports difficiles avec l’économie et le commerce : celui-ci « est vu d’un mauvais œil et les spéculateurs, ceux qui jouent sur les marchés, sont automatiquement suspects », affirme-t-il.

Le rôle des marchés

Si l’opinion publique reste méfiante vis-à-vis des marchés, rares sont ceux qui contestent leur utilité : les marchés ont pour office de financer l’économie et l’épargne des individus. Même pour les plus réticents, ils seraient un mal nécessaire : « l’aversion des Français pour les marchés financiers est directement liée à leur préoccupation concernant les retraites » (voir Encadré 3), souligne Christophe Lemarié, directeur général délégué de Société Générale Gestion. Les marchés financiers servent avant tout à créer un petit complément de retraite, pour lequel il existe un choix entre plusieurs produits, mais les premières interrogations se posent quant à savoir comment synthétiser la complexité du marché. Une question complexe car comment valoriser les marchés auprès du grand public sans verser dans une simplification réductrice ? « Nous avons trop tendance à croire que le CAC 40 représente toute la valeur des marchés financiers. Or, il ne faut pas oublier que les indices choisis sont ceux qui sont les plus simples à calculer. Mais ils ont des défauts… » résume Thierry Francq, secrétaire général de l’AMF. « Pour donner confiance à nos concitoyens dans les marchés, nous devons faire un réel travail de pédagogie : partir de produit simple. J’ai  toujours été frappé de la mauvaise publicité que donne aux marchés le CAC 40. Il ne représente qu’une partie de la réalité des marchés et il n’intègre pas les dividendes ».

Vers une définition des marchés

La première étape dans ce chemin pédagogique est de définir clairement ce qu'est un marché. « Le marché , explique Michel Henochsberg, n’est autre que le lieu des transactions. Il est directement défini par le pouvoir politique, quel qu’il soit : l’empereur, le prince, la Cité ou la République. Le pouvoir dit où se trouve le marché, à quelle heure il ouvre et à quelle heure il ferme. Quand on oublie cette définition essentielle, l’égarement commence. Si le périmètre n’était pas discernable, ceci équivaudrait à une absence de marché. »

Pour Thierry Franck,« c’est aussi un ensemble de règles à respecter, qui peuvent être résumées en deux mots : transparence et ouverture. Le marché des subprime, par exemple, n’était pas un marché, car des échanges existaient, mais sans règle. »

Enfin, a conclu Philippe Tibi, « il est indispensable que les marchés soient crédibles. Il faut sortir de la fausse idée que le marché guide le monde. Il est un mauvais maître et doit rester un serviteur ! »

 

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À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº738