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Stable-coins

Projet Libra : une menace désormais très limitée

Créé le

16.02.2021

L’approche du concept de monnaie digitale par les banques centrales a été, par bien des aspects, défensive. C’est le développement des « cryptoactifs », souvent assimilés à de nouvelles monnaies, qui les a incitées à accélérer leurs réflexions. Plus que le bitcoin – extrêmement volatil, il ne remplit que très imparfaitement les attributs d’une monnaie –, ce sont les stablecoins qui les ont interpellées. Ces crypto-actifs de seconde génération sont adossés à une ou plusieurs devises officielles (la plupart du temps le dollar), ce qui leur assure une certaine stabilité.

Surtout, la plus célèbre de ces stablecoins, le Libra, est portée par un acteur de poids, Facebook. C’est la présentation en juin 2019 de ce projet – depuis rebaptisé Diem – qui semble avoir fait office d’électrochoc pour les banques centrales et régulateurs internationaux. Côté régulation, le FSB travaille depuis à un cadre mondial pour encadrer les stablecoins : des recommandations viennent d’être publiées en octobre dernier [1] . Mais, pour les banques centrales, la meilleure défense est aussi l’attaque : c’est pourquoi les projets de MNBC se sont ainsi accélérés ces derniers mois.

Les promoteurs du Diem ont d’ailleurs bien intégré ce changement de ton de la part des banques centrales et ont procédé à de nombreuses adaptations de leur projet initial. Le futur stablecoin sera émis par une entité régulée par l’autorité de marché suisse. Il constituera un coussin de fonds propres et gèrera sa réserve de liquidités selon des normes inspirées de Bâle III. Il ne fonctionnera plus sur la base d’une blockchain ouverte mais d’un réseau « permissionné », c’est-à-dire dont l’accès sera soumis à autorisation. Enfin, son objectif ultime sera de s’adosser aux futures MNBC, comme un réseau de paiement construit sur la base des systèmes publics. « Nous avons besoin de systèmes de paiement plus efficients, plus rapides et interopérables pour réaliser des transactions à l’échelle globale presque gratuitement ; mais cela doit se faire en combattant la criminalité financière et en protégeant les consommateurs à tout moment. Nous avons donc besoin d’un nouveau stablecoin qui élève les standards de ce type de système », a ainsi argumenté Christian Catalani, l’économiste en chef de l’association Diem, lors d’une conférence organisée le 11 février par l’OMFIF (Official Monetary and Financial Institutions Forum). Des modifications qui font déjà dire aux adeptes de la finance décentralisée, et ce avant même son lancement prévu en 2021, que le Diem ne sera pas le moyen de paiement révolutionnaire promis par le Libra.

 

1 Regulation, Supervision and Oversight of Global Stablecoin Arrangements, FSB, 13 octobre 2020.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº854
Notes :
1 Regulation, Supervision and Oversight of Global Stablecoin Arrangements, FSB, 13 octobre 2020.
RB