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Économie

La politique monétaire va être partout très expansionniste : quels effets sur les prix des actifs ?

Créé le

06.06.2013

-

Mis à jour le

25.06.2013

L’expansion monétaire va être généralisée dans les pays de l’OCDE.

La Réserve Fédérale (Ben Bernanke) annonce que la politique d’achats d’actifs va se poursuivre aux Etats-Unis, avec le risque que la croissance des Etats-Unis reste fragile en raison de la réduction des déficits publics du déficit d’emplois qui persiste, de la mollesse de l’investissement, de l’absence de risque inflationniste. La Banque d’Angleterre semble envisager d’accroître encore la taille du programme d’achats de titres publics (de Quantitative Easing), avec la faiblesse de l’économie (le début de freinage de l’inflation). Le Japon a annoncé une politique monétaire extraordinairement expansionniste avec un doublement de la base monétaire (de la taille du bilan de la Banque Centrale) d’ici la fin de 2014. La BCE enfin va passer à une politique monétaire encore plus expansionniste puisque son mandat demande que l’inflation de la zone euro soit « inférieure à 2 % mais proche de 2 % » et qu’on observe un recul rapide de l’inflation de la zone euro, qui est aujourd’hui à peine supérieure à 1 %, avec la hausse du chômage, la sous-utilisation des capacités. Il pourra s’agir soit d’une nouvelle baisse des taux directeurs, soit d’un programme d’achats d’actifs, soit de nouveaux repos. On doit donc s’attendre, pour l’ensemble de ces pays de l’OCDE, à la poursuite d’une politique monétaire très expansionniste et d’une forte création monétaire

Quels effets sur les prix des actifs ?

Il est difficile d’imaginer que les taux d’intérêt à long terme baissent encore beaucoup. Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne, en France, au Japon, on arrive dans la zone où la trappe à liquidité apparaît : même une forte croissance de l’offre de monnaie ne fait plus beaucoup baisser les taux d’intérêt. Dans les pays périphériques de la zone euro, la hausse forte des taux d’endettement publics devrait arrêter le processus de baisse des taux d’intérêt. Enfin, les investisseurs ne sont plus incités à acheter des obligations dont le rendement est très faible ; les portefeuilles d’obligations à coupons faibles qu’ils accumulent leur font courir un grave risque dans le futur si les taux d’intérêt remontent.

Par ailleurs, les dettes des émergents sont aussi devenues très chères, avec des primes de risque semblables à celles des pays de l’OCDE.

Les investisseurs vont donc plutôt se reporter vers les actifs qui ne semblent pas encore très chers aujourd’hui et dont le prix n’a pas de limite vers le haut : actions (la hausse a déjà débuté), immobilier aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et au Japon.

Conclusion : décorrélation des cours boursiers et des fondamentaux ?

L’ensemble des Banques Centrales des pays de l’OCDE va mener une politique monétaire très expansionniste ; la BCE devra le faire avec le recul de l’inflation. Ceci ne devrait pas pousser les investisseurs vers les obligations, mais vers les actions et l’immobilier, actifs pas encore très chers et dont les prix peuvent monter. La croissance reste modeste aux Etats-Unis, très faible dans la zone euro, au Royaume-Uni, au Japon : ceci implique que, si la liquidité conduit bien à une hausse des cours boursiers, ceux-ci vont se décorréler des fondamentaux.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº762