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Taux bas

Nuages sur l’assurance vie en euro

Créé le

22.01.2015

-

Mis à jour le

29.01.2015

Servir 2,5 % de rendement (ou plus) quand le taux de l’OAT à 10 ans est tombé sous 0,6 % à fin janvier est-il tenable ? Telle est la question que se posent en ce début d’année les assureurs vie français. En novembre, le gouverneur de la Banque de France les avait mis en garde : « Il est très important que les assureurs soient capables de faire baisser le taux de rémunération. » Même si certains acteurs arrivent à sortir des rendements supérieurs à 3 % en 2014, comme l’AFER ou certains mutualistes, les premiers communiqués semblent aller dans le sens voulu par Christian Noyer. « Nous sommes dans un schéma de baisse, de l’ordre de 30 à 40 points de base », confirme Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet Facts & Figures. Mais entre les communications officielles de quelques-uns (souvent les plus généreux) et le niveau réel servi à l’ensemble des contrats, y compris ceux qui ne sont plus commercialisés, l’écart peut être sensible.

La baisse des taux est certes inéluctable, mais elle ne doit pas être timide. « Une partie du rendement affiché par les assureurs vie vient de plus-values latentes réalisées sur les portefeuilles actions et immobilier, mais cette marge de manœuvre s’érode, s’inquiète Cyrille Chartier-Kastler. Les actifs achetés en remplacement sont chers et n’offrent plus de telles perspectives de plus-value. Par ailleurs, Solvabilité 2 les incitent à acquérir des obligations au moins notées BBB qui, une fois déduits les frais de gestion et les marges de l'assureur, pourraient finir par générer un rendement négatif. » La quadrature du cercle est d’autant plus difficile à réaliser que la collecte en assurance vie est repartie de manière très dynamique, après une année 2013 en demi-teinte : entre janvier et novembre 2014, ce sont 21,3 milliards d’euros qui ont été collectés en net… et qui ont dû être investis dans ces conditions de marché défavorables. « Aujourd’hui, la seule stratégie pertinente pour un assureur vie est d’avoir une collecte nette nulle sur ses fonds en euros et de développer les unités de compte dont la collecte est restée trop faible jusqu’à aujourd’hui », assure le consultant. Un virage vers des produits moins sécurisés et plus volatils que les épargnants ont jusqu’à ici été peu enclins à acheter… et les réseaux bancaires à vendre !

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº781