Jusqu’à présent, la recherche externe, le plus souvent réalisée par les courtiers, est financée via une commission prise en sus des frais d’exécution ; son financement est ainsi mutualisé sur tout ou partie des transactions. Les gérants ont une connaissance du coût de la recherche, mais elle ne fait pas l’objet d’un prix affiché et d’une facturation séparée. MiFID II, qui entrera en vigueur en janvier 2018, introduit un découplage des frais d’exécution et des frais de
À quelques mois de l’échéance, les annonces s’accélèrent et un nombre croissant d’acteurs ont choisi de supporter ces frais de recherche sur leur compte de résultat, préférant absorber le coût de la recherche que de mettre en place le Compte de paiement de recherche et afficher des frais supplémentaires aux clients (v. Schéma 2). Cette décision pourrait peser sur la rentabilité des sociétés de gestion à hauteur de 2 à 5 % selon le mix-produits. En revanche, les négociations entre les courtiers et les gérants sont moins avancées. Elles ont commencé tardivement et les prix fluctuent grandement (de quelques milliers d’euros à des centaines de milliers), signe qu’il reste encore du chemin à parcourir. Pourtant, les enjeux sont considérables pour l’ensemble du secteur de la recherche en Europe, voire dans le monde (la recherche produite en dehors de l’Europe et utilisée par un gérant européen étant impactée), avec à la clé un nouvel équilibre à trouver entre l’offre et la demande et des modes de distribution et de consommation qui se transforment fortement.
Une diminution du volume de recherche consommée
La demande de recherche va évoluer vers davantage de sélectivité dans les services retenus. Le volume de recherche consommée devrait diminuer avec une plus grande attention à la valeur apportée dans le processus d’investissement. Un sondage réalisé par Exane BNP Paribas et
Vers une plus grande segmentation et spécialisation
Pour s’adapter, les courtiers vont devoir revoir leur offre avec une plus grande segmentation et spécialisation. Pour le moment, l’offre actuelle est basée sur un accès à l’ensemble de la recherche produite, payée par un abonnement. On devrait assister à un rééquilibrage de l’offre pour mieux répondre aux besoins du marché avec la constitution de « packages de base » (accès aux notes de recherches toutes stratégies confondues via un portail, participation à des conférences téléphoniques et à des « webinars ») et d’autres, « premium », avec en plus des réunions présentielles avec les analystes et une série de conférences téléphoniques dédiées. On pourrait également voir naître des offres par stratégie ou classes d’actifs (actions, crédit, etc.). Par ailleurs, les investisseurs n’ont pas le même appétit pour payer tous les types de recherches et l’on peut se demander quel sera l’avenir réservé à la recherche quantitative ou encore à la recherche
La fixation du prix
Un autre grand chantier pour les courtiers est la fixation du prix de leur recherche. Aujourd’hui, on constate de grandes variations entre les prix facturés aux clients dues probablement à un manque de repère ou à la stratégie de certains acteurs de casser les prix pour sécuriser leur présence chez leurs grands clients dès 2018. D’autant que l’exercice peut être complexe notamment pour les métiers où les frais d’exécution étaient matérialisés par un spread et non une commission (Taux et Changes). À terme, les mécanismes de formation des prix vont se structurer et mieux refléter le jeu de l’offre et de la demande dans un environnement transparent où la compétition sera accrue. On pourrait également voir des prix non plus fixes mais avec une composante variable à la main du gérant, en fonction de la valeur ajoutée de la recommandation du courtier à la performance des investissements.
Une bipolarisation des fournisseurs
leaders sur le marché européen (JPMC, BOAML, Morgan Stanley, UBS et Exane selon
L’émergence de places de marché digitales
Les modes de distribution sont marqués depuis quelques années par l’émergence des places de marché digitales, telle ResearchPool. Agrégateurs de recherche, elles organisent le marché en faisant se rencontrer les acheteurs et les vendeurs de recherche. Elles proposent des applications permettant aux gérants de sélectionner et d’acheter une note de recherche en un clic. Leur succès passera par leur capacité à attirer les vendeurs et les acheteurs et à générer des flux de vente. Il participera à la fluidité du marché en facilitant la découverte de recherche et la transparence des prix. En effet, le prix est affiché sur la plate-forme quel que soit l’acheteur et il n’est plus le résultat d’une négociation bilatérale. Les courtiers ne sont pas en reste : ils organisent et digitalisent également la distribution de leur recherche propriétaire en développant leurs sites Internet. Pour les acheteurs, il va falloir s’organiser et s’équiper pour piloter au mieux l’achat et la consommation de recherche. La recherche devient une marchandise qui doit être budgétée et son utilisation suivie avec des enjeux d’efficacité opérationnelle tout au long d’une nouvelle chaîne de valeur (voir Schéma 3). Certaines FinTechs, comme Alphametry, proposent aux sociétés de gestion des solutions digitales équipées d’applications et d’intelligence permettant d’extraire, filtrer, organiser, évaluer la recherche avec une grande attention portée à l’expérience utilisateur du gérant. Elles doivent permettre aux sociétés de gestion de transformer leur mode de consommation avec, par exemple, la fin du « broker vote » au profit d’espaces collaboratifs où les communautés d’utilisateurs peuvent évaluer chaque note de recherche de manière granulaire.