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Stratégie

Les recettes de l’ACPR pour améliorer la rentabilité bancaire

Créé le

24.06.2019

-

Mis à jour le

05.07.2019

Dans un environnement de taux bas, François Villeroy de Galhau, président de l’ACPR, appelle les banques à agir sur l’innovation technologique, la maîtrise des coûts et la diversification des sources de revenus.

Le rendement des fonds propres (RoE) des grandes banques françaises a retrouvé son niveau de 2015, en s’établissant à 6,7 % en 2018. Avec des fonds propres qui ont presque triplé depuis 2008, les banques françaises sont aujourd’hui plus résistantes. Leurs ratios de fonds propres durs (CET1) sont eux passés de 5,8 % à 13,6 %, de 2008 à 2018. Lors de la présentation du rapport d’activité 2018 de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), le 28 mai dernier, François Villeroy de Galhau, président de l’ACPR s’est félicité de la résilience et de la solvabilité renforcée des banques, ainsi que de la solidité générale du système financier français. « La France est leader dans des activités essentielles telles que l’assurance vie et non-vie et le secteur de la gestion d’actifs, et accueille quatre des huit banques d’importance systémique mondiale de la zone euro », a rappelé le gouverneur de la Banque de France. « La rentabilité des banques françaises est très supérieure à celle des banques allemandes. À l’échelle mondiale, seules les banques américaines se distinguent avec un RoE moyen supérieur à 10 %. »

Un environnement de taux bas « justifié et nécessaire »

Toutefois, la dynamique s’annonce « moins favorable » et plusieurs « facteurs d’attention » doivent être pris en considération par les banques. Selon François Villeroy de Galhau, qui siège au conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), « le maintien d’un environnement de taux bas est totalement justifié et nécessaire compte tenu de la situation économique en zone euro », même s’il contribue à réduire la marge nette d’intérêt des banques de détail. « La politique monétaire a d’autres effets favorables pour les banques, dont la diminution du coût du risque et l’augmentation des volumes de prêts, et certains systèmes bancaires, dans les pays nordiques notamment, ont de meilleures rentabilités avec des taux d’intérêt au moins aussi bas. »

Le superviseur appelle donc à améliorer la rentabilité bancaire par d’autres moyens, en développant des stratégies de restructuration au sein des établissements, et en agissant sur trois leviers : l’innovation technologique, la maîtrise des coûts et la diversification des sources de revenus. Le modèle français dit de banque « universelle » s’y prête particulièrement, estime le président de l’ACPR, car il associe les trois métiers de banque de détail, de services financiers spécialisés, de banque de grande entreprise et de marché. La mutation digitale et les investissements qu’elle nécessite sont quant à eux qualifiés de « défi existentiel » pour les banques, par le président de l’ACPR. « Les établissements financiers devront dégager de nouveaux gains de productivité et de nouveaux services personnalisés, en explorant encore plus les voies de l’automatisation et de l’intelligence artificielle (IA) », a ainsi précisé François Villeroy de Galhau.

Un marché européen très fragmenté

Quant aux banques d’investissement européennes, elles ont perdu en dix ans, près de dix points de parts de marché au profit des banques américaines. « Comparé au marché américain, le secteur bancaire européen reste fragmenté : la part de marché des cinq principales banques européennes s’élève à 20 % contre plus de 40 % aux États-Unis », regrette le superviseur, avant d’appeler à l’accomplissement de l’Union Bancaire. Le président de l'ACPR a enfin requis « l’égalité de traitement des établissements face à la réglementation internationale », et rappelé les deux conditions « impératives » pour y parvenir : la transposition de Bâle III qui doit être raisonnable et tenir compte de l’application de l’output floor au plus haut niveau de consolidation, mais qui doit être aussi équitable et mise en œuvre de manière fidèle dans l’ensemble des juridictions, y compris les États-Unis. « Je veux être clair, a conclu François Villeroy de Galhau : la solution aux défis bancaires n’est pas la déréglementation, mais l’innovation, pas le retour en arrière et vers la crise financière, mais l’élan en avant. » G. D.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº834