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KYC

Les premiers pas de la biométrie pour l’ouverture de compte à distance

Créé le

22.02.2018

-

Mis à jour le

28.02.2018

Expérience client 100 % digitale, lutte anti-blanchiment et protection des données personnelles ne sont pas des concepts facilement conciliables. En attendant que les dispositions de la 5e directive LCB-FT, couplée au règlement eIDAS, n’entrent en vigueur en Europe [1] , les établissements financiers cherchent le moyen d’entrer en relation d’affaires à distance tout en respectant les exigences du Code monétaire et financier [2] . Jusqu’à présent, la solution trouvée par les banques en ligne et autres néobanques étaient de demander au nouveau client de faire un virement depuis un compte existant et donc ouvert en face-à-face. Un frein, notamment pour les jeunes non encore bancarisés. Mi-février, Société Générale a présenté un dispositif alternatif, utilisant la reconnaissance biométrique faciale pour identifier le nouveau client. La technologie de « selfie dynamique » a été élaborée par Idemia, nouveau nom de la fusion Morpho/Oberthur. Autorisée par la Cnil, cette reconnaissance faciale ne nécessite pas le stockage des données biométriques mais génère un « score » de cohérence entre les pièces d’identité et la photo prise au moment de l’ouverture de compte. Cette identification faciale s’opère à deux moments dans le process d’ouverture : une première fois au moment du chargement des pièces justificatives et une seconde au cours d’un entretien en visioconférence avec un téléconseiller d'une plate-forme de la banque. Un choix, indépendant des exigences réglementaires, dicté par la « promesse relationnelle » du modèle « phygital » de Société Générale, selon Laurent Goutard, directeur de la banque de détail en France. Ainsi, le téléconseiller est-il plus particulièrement chargé de vérifier l’adéquation de l’offre retenue par le client par rapport à ses besoins. En Allemagne, la visioconférence permettant un contact verbal avec le client est considérée comme équivalent au face-à-face. Une tolérance non partagée par le régulateur français – qui réclame donc le virement depuis un compte existant – et qui a alourdi, jusque-là, les process de la néobanque allemande N26. Pour Société Générale, ce dispositif biométrique innovant est une brique qui pourrait être réutilisée pour d’autres services nécessitant une authentification. S.L.

 

1 Lire à ce sujet l’interview d’Anne-Marie Moulin, directeur adjoint de la direction des affaires juridiques de l’ACPR, « Nous aurons un cadre LCB-FT renforcé », Banque & Stratégie n° 366, février 2018.
2 Pour une ouverture de compte à distance, l’article R. 561-20 du CMF exige qu’au moins deux mesures de vigilance complémentaires soient mises en œuvre parmi les trois suivantes : 1/ obtenir une pièce justificative supplémentaire permettant de confirmer l'identité de la personne ; 2/ mettre en œuvre des mesures de vérification et de certification de la copie du document officiel par un tiers indépendant de la personne à identifier ; 3/ exiger que le premier paiement des opérations soit effectué en provenance ou à destination d'un compte ouvert au nom du client.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº818
Notes :
1 Lire à ce sujet l’interview d’Anne-Marie Moulin, directeur adjoint de la direction des affaires juridiques de l’ACPR, « Nous aurons un cadre LCB-FT renforcé », Banque & Stratégie n° 366, février 2018.
2 Pour une ouverture de compte à distance, l’article R. 561-20 du CMF exige qu’au moins deux mesures de vigilance complémentaires soient mises en œuvre parmi les trois suivantes : 1/ obtenir une pièce justificative supplémentaire permettant de confirmer l'identité de la personne ; 2/ mettre en œuvre des mesures de vérification et de certification de la copie du document officiel par un tiers indépendant de la personne à identifier ; 3/ exiger que le premier paiement des opérations soit effectué en provenance ou à destination d'un compte ouvert au nom du client.