Square

Les leçons des fonds souverains

Créé le

16.05.2017

-

Mis à jour le

06.06.2017

Les fonds souverains totalisent aujourd’hui des encours qui atteignent environ 7 000 milliards de dollars et leur confèrent une position non négligeable comme acteurs de la finance mondiale. Ces encours continuent à croître, même si le rythme s’est ralenti, en raison d’un contexte économique morose, des évolutions des cours du pétrole et d’un environnement de taux d’intérêt bas ; mais parallèlement, de nouveaux fonds souverains continuent à voir le jour.

De fait, au cours des vingt dernières années, les fonds souverains se sont fortement diversifiés : d’abord fonds de stabilisation lancés par des États souhaitant limiter la dépendance d’une économie fondée sur l’exploitation d’une manne pétrolière, ils peuvent désormais également servir des objectifs de diversification des sources de revenus, de constitution d’une épargne intergénérationnelle ou de développement de l’économie nationale. Cette diversification des objectifs est allée de pair avec celle des États actionnaires, des stratégies d’investissement (terme, niveau de risque, localisation) et des sources de financement (recette de l’exploitation d’une ressource naturelle, excédents commerciaux, dotation ad hoc et même endettement).

À bien des égards, dans leur diversité, les fonds souverains peuvent être considérés comme des investisseurs idéaux : ils sont présents à long terme ou très long terme, et se portent de plus en plus vers les marchés privés, sur des opérations de private equity, immobilières ou d’infrastructures, autant de projets socio-économiquement utiles. Suite à la crise des subprime, ils ont largement investi dans les banques, leur permettant de franchir cette période difficile ; aujourd’hui, ils s’intéressent au secteur des entreprises technologiques. Mieux encore, certains ont entrepris depuis quelques années de se financer en partie sur leur marché obligataire national, contribuant ainsi également à développer le secteur financier local.

Pourtant, ces constructions étatiques peuvent avoir, au-delà de leur objectif de constitution de ressources financières sur le très long terme, d’autres objectifs sous-jacents, de nature géopolitique ou de politique industrielle. Des objectifs souvent soupçonnés mais rarement explicités, compte tenu de l’absence d’information qui caractérise la majeure partie de ces fonds quant aux motivations profondes de leur stratégie d’investissement. Une opacité que la réglementation internationale des Principes de Santiago ne permet pas de dissiper de façon satisfaisante et qui suscite une certaine prudence de la part des pays d’accueil : ainsi sont apparus des fonds dits de « contrepartie », comme CDC IC en France, qui visent à la fois à attirer et à canaliser l’intervention de ces fonds en co-investissant à leurs côtés dans l’économie nationale.

Reste que les fonds souverains contribuent aussi à poser des questions essentielles sur le financement des économies, notamment pour les États occidentaux pris au piège de l’endettement, d’une part sur la capacité à générer des ressources financières de très long terme, d’autre part sur l’importance de l’investissement en capital, y compris sur les marchés privés.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº809bis