Square

Les initiatives du secteur financier

Créé le

22.03.2022

Le 15 décembre 2021, lors de la conférence Adicef, une table ronde était centrée sur la blockchain dans le secteur financier. L’occasion de rappeler par les panélistes [1] l’essor en France d’un écosystème dynamique et particulièrement innovant, dans un cadre réglementaire unique en Europe, avec une forte implication des pouvoirs publics au travers des actions et du financement tant de la CDC que de la BPI France.

Depuis 2015, la CDC a développé un Programme Blockchain & Crypto-actifs afin d’explorer les opportunités notamment pour le secteur financier français. Les nombreuses réalisations de la CDC ont permis de faire émerger des applications industrielles à valeur ajoutée en lien avec l’écosystème tels que les projets (i) Archipels (offre permettant aux banques et assureurs de vérifier l’authentification de justificatif de quittance/facture) (ii) de partenariat d’expérimentation pour déployer sur une blockchain l’émission, l’inscription et le transfert d’une monnaie numérique de banque commerciale .

Les témoignages des représentants de LiquidShare et de Société Générale Forge, deux sociétés ayant contribué à l’expérimentation Banque de France, ont permis de rappeler les spécificités des projets étudiés et le recours à différentes architectures techniques ayant permis de couvrir les quatre thématiques suivantes :

– l’infrastructure de l’euro numérique ;

– le lien entre confidentialité et lutte anti-blanchiment (LCB-FT) ;

– les outils permettant de contrôler l’euro numérique en circulation ;

– les modalités d’accès des utilisateurs finaux.

L’expérimentation Banque de France menée par LiquidShare a consisté en la simulation, sur une blockchain privée, d’émission et d’échanges de titres non cotés et d’échanges de titres cotés. Les règlements des titres ont été simulés par de la MNBC émise sur la blockchain. Le développement et le déploiement de smart contracts ont été nécessaires afin que la Banque de France puisse émettre et contrôler la circulation des jetons de MNBC et que leur transfert se fasse simultanément à la livraison des titres.

Quant à Société Générale Forge, qui a déjà réalisé des émissions d’obligations tokenisées sur Ethereum et a émis un premier produit structuré sur la blockchain Tezos, sa contribution à l’expérimentation Banque a porté sur la souscription par des investisseurs institutionnels d’obligations tokenisées émises par la BEI pour un montant de 100 M€. La mise en place de smart contracts a permis la simultanéité de la livraison contre paiement à la livraison des jetons de titres dans le portefeuille des investisseurs.

Comme l’ont rappelé les différents panélistes, l’un des éléments clés des expérimentations réside dans l’actif de règlement utilisé pour dénouer les transactions. C’est effectivement un point essentiel pour le bon fonctionnement du Régime Pilote. Les sujets techniques concernent également les avantages vs inconvénients du recours à une blockchain privée vs publique, les différents protocoles utilisés sans oublier l’intéropérabilité. Les panélistes sont revenus sur les gains potentiels à attendre en ayant recours à la blockchain. Il s’agit notamment de réduire les coûts des paiements transfrontaliers et d’améliorer leur rapidité, mais également de rationaliser les processus de règlement-livraison en diminuant le nombre d’étapes de traitement, et par voie de conséquence, réduire les coûts de frottement et diminuer les risques induits par ces processus. Il s’agit également de conserver une Europe compétitive face aux États-Unis ou à l’Asie.

On assiste à une compétition mondiale sur les innovations technologiques dans le secteur financier. Les investissements réalisés par le secteur bancaire en France et en Europe semblent dérisoires à comparer à ceux engagés par certaines banques américaines ou par les GAFAM. Certains observateurs notent le pragmatisme anglo-saxon : quand l’Europe régule, les Etats Unis innovent… Gageons que notre industrie financière sera en capacité de relever ces défis pour le développement d’une finance numérique durable si nécessaire à la croissance économique européenne.

 

1 Stéphane Blemus, secrétaire général de Société Générale Forge, Jean-Marc Eyssautier, directeur général de LiquidShare, Nadia Filali, directrice des programmes Blockchain & Cryptoactifs, pilote du Consortium LaBChain Groupe CDC, Ivan de Lastours,  Blockchain/Crypto Lead chez BPI France.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº867
Notes :
1 Stéphane Blemus, secrétaire général de Société Générale Forge, Jean-Marc Eyssautier, directeur général de LiquidShare, Nadia Filali, directrice des programmes Blockchain & Cryptoactifs, pilote du Consortium LaBChain Groupe CDC, Ivan de Lastours,  Blockchain/Crypto Lead chez BPI France.