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Economie

Les détracteurs sont trop alarmistes

Créé le

22.11.2010

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Mis à jour le

05.01.2011

Curieusement, Milton Friedman est devenu l’arbitre défunt du débat qui fait rage depuis la décision de la Fed de lancer un programme d’achat – souvent appelé QE2 – de 600 milliards de dollars de titres du Trésor. L’économiste Allan H. Meltzer notait ainsi, début novembre, que les signes de déflation étant loin d’être manifestes, l’ancien prix Nobel n’aurait jamais approuvé un tel programme. Ben Bernanke assurait, quelques jours plus tard, que les leçons tirées par Milton Friedman lui-même de ses travaux sur la Grande Dépression justifiaient au contraire pleinement la décision prise par la banque centrale.

Si le débat est aussi vif, c’est que personne – pas même la Fed ! – n’est aujourd’hui en mesure d’apprécier les conséquences réelles de la politique qui vient d’être décidée. Car, plus encore qu’à l’habitude, les effets de cette politique passent par la crédibilité des signaux envoyés. La baisse des taux d’intérêt à long terme a en effet, cette fois, peu de chances d’inciter les agents privés à s’endetter ou à dépenser plus. En réduisant le rendement des placements obligataires, la banque centrale espère surtout voir remonter les prix d’actifs – les cours des actions en particulier.

Si le succès d’une telle politique est loin d’être assuré, les craintes qu’elle suscite – effondrement du dollar, apparition de nouvelles bulles sur les prix d’actifs et remontée brutale de l’inflation – n’en sont pas moins excessives. Jusqu’à présent, la baisse du dollar face à l’euro notamment est, pour une bonne part, le reflet des révisions d’anticipations sur les politiques monétaires à venir menées des deux côtés de l’Atlantique. De plus, la Bourse est loin d’être surévaluée et l’inflation un péril bien improbable. Paradoxalement d’ailleurs, si, après-demain, un risque inflationniste apparaissait, la Fed serait mieux armée que jamais pour y faire face : en vendant une partie du portefeuille de titres du Trésor qu’elle détient, elle pourrait agir immédiatement sur le niveau des taux d’intérêt à long terme et freiner plus sûrement encore qu’à l’habitude l’activité.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº730