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Les banques face à la crise

Créé le

27.05.2020

Comment les banques font-elles face à la crise sanitaire et économique ? Pour répondre à cette question, Laure Bergala a réuni dans le dossier différents points de vue de professionnels et d’experts.

En termes d’activité, le premier constat montre que, dans le dispositif de soutien à l’économie mis en place par le gouvernement et les autorités européennes, les banques sont intervenues rapidement et massivement pour apporter « un pont de cash » aux entreprises qui ont vu leur activité brutalement interrompue par le confinement et la décision de leur fermeture administrative. Mais les banques seront aussi attendues dans l’effort de relance de l’économie post-confinement.

En termes de risques, seront-elles alors assez solides pour maintenir leur activité dans un environnement économique qui pourrait se révéler durablement et profondément perturbé, en dépit des plans de relance, et avec le risque, selon certains observateurs, d’un nombre record de faillites d’entreprises ? Il faut en effet s’attendre à une hausse des taux de défaut sur la masse de prêts consentis même si les banques bénéficient de la garantie de l’État.

Mais il faut aussi souligner le renforcement de la solidité des groupes bancaires en capital et en liquidité, réalisé de façon continue depuis la crise financière de 2008 tandis que l’assouplissement réglementaire décidé par les régulateurs pendant la crise permettra aussi aux banques de mieux absorber d’éventuels chocs économiques.

En termes d’organisation du travail enfin, les banques, tenues de poursuivre leur activité, ont réussi à s’organiser pour préserver une présence en agence tout en coordonnant le télétravail notamment des fonctions support. Elles font aujourd’hui le constat d’une complémentarité nécessaire entre présence physique de proximité et capacité à traiter les opérations à distance, mais cette crise devrait aussi donner une impulsion supplémentaire aux stratégies digitales qu’elles déploient depuis quelques années.

La crise, au-delà du seul secteur bancaire, suscite toujours de multiples interrogations

Alain Buzelay (Université de Lorraine, Cerefige) s’interroge sur la problématique des financements communautaires sur lesquels comptent les Etats pour compléter leur politique de soutien à leurs économies et financer leur sortie de crise. Mais pour que ceux-ci soient suffisants et efficaces, les Etats européens doivent surmonter leurs divergences sur la nécessaire mutualisation des financements de ce plan, souligne l’auteur.

 

Hubert de Vauplane (Kramer Levin Naftalis & Frankel) revient sur l’idée d’une transformation de la part de la dette souveraine détenue par la BCE en une obligation perpétuelle, une proposition relancée compte tenu de l’augmentation de l’endettement des États provoquée par la crise sanitaire et économique. Il en étudie la faisabilité, mais conclut que ce débat est un « déni même du principe de la dette », car « le principe même d’une dette repose sur l’obligation de remboursement au créancier ».

 

Pascal Kerebel (Cegos France) analyse, de son côté, l’impact de la pandémie Covid-19 dans la cartographie des risques Bâle III et Solvabilité 2 et s’interroge sur la robustesse des dispositifs de gouvernance des risques déployés par famille de risque (crédit, marché, technique, opérationnel et stratégique), face à ce scénario de pandémie Covid-21.

 

Enfin, Stéphane Mouy (membre de la Specialist Taskforce Identity-proofing de l’ETSI) rebondit sur le projet de traçage numérique des populations dans le cadre des stratégies de déconfinement pour montrer à quel point la notion d’identité numérique est aujourd’hui centrale dans ces nouveaux usages. Mais cette notion reste mal appréhendée. L’auteur s’emploie à la préciser, en rappelant les différentes générations d’identité numérique aujourd’hui disponibles, et en montrant comment elles répondent au double enjeu de mutualisation des usages et de protection des données personnelles.

 

 

 

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº845