L’analyse du
FMI
[1]
porte sur un échantillon large de 172 banques de 16 pays européens (dont le Royaume-Uni et la Suisse) cumulant près de 35 000 milliards de dollars d’actifs. Sitôt qu’il souligne, à raison, les vertus de la rentabilité bancaire en matière de stabilité financière, le FMI en déplore le niveau trop faible qui caractérise les banques européennes (la rentabilité financière étant jugée « suffisante » au-delà d’un Return on Equity de 8 %). Les surcapacités, de trop faibles revenus, des coûts d’exploitation excessifs en sont les principales causes avancées. Au-delà de ce constat général, l’intérêt de l’analyse réside dans la différenciation opérée selon le degré de diversification géographique du portefeuille d’activités des banques. Ainsi, celles dites « domestiques » (plus de 70 % de leur Produit net bancaire (PNB) ou, à défaut, de leurs actifs, dégagés au sein de leur pays d’origine) étaient, en 2016, 75 % à présenter une rentabilité trop faible. Le constat est identique, quoique légèrement moins patent, pour les banques dites « globales » (plus de 30 % de leurs revenus hors d’Europe), dont 65 % souffraient, en 2016, d’une rentabilité financière inférieure à 8 %. En revanche, les banques « à vocation européenne » (plus de 70 % des revenus en Europe mais moins de 70 % dans leur pays d’origine), étaient moins de 15 % à pâtir d’une rentabilité insuffisante. Plusieurs systèmes bancaires d’Europe du Sud qui souffrent d’une accumulation de créances douteuses abritent principalement des banques dites « domestiques » (100 % des actifs bancaires en Grèce, 87 % au Portugal, 66 % en Italie). C’est également le cas du système bancaire irlandais (100 %) qui a connu les affres de la crise entre 2008 et 2010. L’exception vient d’Autriche où 70 % des actifs bancaires sont détenus par les banques « domestiques », mais où les banques les plus vulnérables sont plutôt exposées aux Pays d’Europe de l’Est. Les banques dites « globales », qui constituent la deuxième catégorie à présenter une proportion importante de banques insuffisamment rentables, ne sont recensées que dans 4 des 16 pays étudiés. Elles sont surreprésentées dans 2 pays au titre des activités internationales de banques d’investissement et de gestion d’actifs (71 % des actifs bancaires en Suisse, 67 % au Royaume-Uni). En Espagne, leur part prépondérante des actifs bancaires consolidés (58 %) procède plutôt des expositions de Santander et de BBVA en Amérique Latine. Enfin, les banques « à vocation européenne » prédominent en France (68 % des actifs bancaires) mais, du fait de la taille importante du système bancaire, y présentent un poids relatif moindre qu’aux Pays-Bas (85 %) et en Suède (79 %). Les trois banques de cette catégorie établies en France détiennent à elles seules près de la moitié (49,2 %) des actifs de la catégorie en Europe.
Diversification
La classification du FMI est séduisante. Elle suggère que la meilleure rentabilité financière des banques françaises (6,6 % en moyenne en 2016, contre -1,4 % en Allemagne, +1,8 % en Italie, +5,8 % en Espagne, +4,1 % dans l’ensemble de la zone euro, -0,4 %
au Royaume-Uni
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) trouverait son origine dans leur tropisme européen. La démonstration est juste mais cependant perfectible : la diversification s’apprécie autant sous l’angle géographique que sous celui des métiers. Au demeurant, les auteurs du FMI passent sous silence le lien entre taille et diversification géographique. Or, en incitant à la limitation de la taille des banques et en freinant la consolidation des systèmes bancaires les plus vulnérables appelée de leurs vœux par le FMI et la BCE, le « remède » du régulateur (surcharge G-SIB et son équivalent « levier ») pourrait se révéler pire que le « mal » (la croissance externe de banques dont la défaillance serait économiquement plus coûteuse mais dont le degré de diversification réduirait considérablement la probabilité de défaillance) pour la stabilité financière.
1
« Getting the policy mix right », Global Financial Stability Report, Chapter 1, International Monetary Fund, April 2017. http://www.imf.org/~/media/Files/Publications/GFSR/2017/April/chapter-1/text.ashx?la=en.
2
Source Datastream – Worldscope, banques cotées.