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Crise de la dette

Les banques américaines sous la menace de l’Europe

Créé le

23.11.2011

-

Mis à jour le

29.11.2011

La crise de la zone euro commence à laisser des traces sur les grandes banques américaines. « Les résultats des banques universelles ont été dans une large mesure décevants au 3e trimestre, en raison du gel des marchés dans l’attente d’une solution à la crise de la dette européenne », indiquent les analystes de Keefe, Bruyette & Woods (KBW) à propos des cinq américaines [1] . À une baisse des revenus issus des activités de marché en Europe – qui représentent un tiers de cette activité pour les banques qui publient ce chiffre –, s’ajoutent les inquiétudes concernant leur exposition à la zone euro. Fitch a ainsi publié mi-novembre un rapport sur la question : l’agence y estime que, si l’exposition aux pays en crise ( GIIPE [2] ) est soutenable, elle ne sera pas indolore dans les comptes des banques américaines, tout particulièrement si la crise continue de se propager à travers l’Europe.

« Les banques américaines sont globalement plus exposées au secteur financier qu’à la dette souveraine elle-même », précise René-Pierre Azria, fondateur et associé de la banque d’affaires américaine Tegris Advisors. Une réalité difficile à quantifier, car seules quelques banques publient ce type de données, ce qui a tendance à susciter la méfiance des marchés, échaudés par la faillite de MF Global. La banque d’investissement Jefferies a ainsi dû publier une lettre de six pages d’explications à ses actionnaires, suite à d’importantes rumeurs de marché sur son exposition à la dette des GIIPE notamment. La Fed a par ailleurs décidé de mener une troisième série de stress-tests, qui prévoit pour la première fois dans ses hypothèses pour les grandes banques de prendre en compte l’impact d’une détérioration de la situation européenne.

La crainte du double dip

Ce sont enfin – et surtout ? – les conséquences macroéconomiques de la crise qui inquiètent. Les économistes de Wells Fargo ont amputé de 0,4 point leur prévision de croissance aux États-Unis pour 2012 en raison des difficultés européennes. Pour Goldman Sachs, l’impact pourrait même être d’un point. Une mauvaise nouvelle, y compris pour les banques de détail qui ne sont pas directement exposées à l’Europe. « Il s’agit aujourd’hui d’expliquer aux Américains pourquoi ce qui se passe dans un petit pays comme la Grèce à un impact sur leur niveau de vie. Jusqu’ici, c’était plutôt la santé des États-Unis qui influait sur l’économie du reste du monde », souligne René-Pierre Azria. La couverture médiatique de la crise européenne a même eu tendance à occulter les déboires politiques internes autour du budget fédéral. L’échec de la commission bipartite à trouver un accord va certainement remettre sous les projecteurs le sujet de la dette américaine, pourtant plus lourde pour l'économie que celle de la zone euro tout entière.

1 Goldman Sachs, JPMorgan, Bank of America, Citigroup et Morgan Stanley. 2 Grèce, Irlande, Italie, Portugal et Espagne.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº742
Notes :
1 Goldman Sachs, JPMorgan, Bank of America, Citigroup et Morgan Stanley.
2 Grèce, Irlande, Italie, Portugal et Espagne.