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Banque d’investissement et de détail

Les actionnaires sont-ils pour ou contre le modèle de banque universelle ?

Créé le

20.06.2012

-

Mis à jour le

14.02.2013

Le débat sur la séparation des activités bancaires a été lancé par la sphère politique. Un cabinet d’analyse financière [1] s’est posé pour sa part la question de l’intérêt du modèle de banque universelle à la française du point de vue de l’actionnaire, qui aurait intérêt à voir se séparer en deux entités totalement distinctes la banque d’investissement, d’une part, et la banque de détail et commerciale (le financement des entreprises), d’autre part.

Des avis divergents

Mais ce plaidoyer pour un Glass Steagall Act ne fait pas l’unanimité dans la communauté des analystes bancaires, car des synergies existent entre banque de détail et banque d’investissement. Elles présentent même un intérêt croissant, à écouter Cyril Meilland, responsable de l’analyse bancaire chez Cheuvreux : « A l’heure de la désintermédiation, il serait encore plus dommageable qu’auparavant de tracer une frontière entre, d’un côté, les activités commerciales et de détail et, de l’autre, la banque d’investissement. En effet, dans un univers qui sera de plus en plus désintermédié, les banques devront notamment accompagner les entreprises qui souhaitent se financer par émission obligataire ; une banque universelle est capable à la fois d’originer ces opérations et de placer les titres sur le marché, ce qui constitue un atout, aussi bien pour les banques et leurs actionnaires que pour l'économie ».

La banque de marché pénalisée

Mais si ce modèle est si efficace, alors pourquoi les cours de Bourse des banques françaises, emblématiques du modèle universel, sont-ils si désespérants en ce moment pour les actionnaires ? « Certes, les banques françaises ne sont pas correctement valorisées, poursuit Cyril Meilland, notamment en raison de la partie banque de marché qui, en dépit de certains investissements regrettables, maintient sa rentabilité depuis le début de la crise, mais pâtit des incertitudes réglementaires. Cependant, une séparation des activités ne résoudrait pas le problème de la valorisation. Dans l’éventualité d’un “ split [2] ”, on peut craindre une valorisation désastreuse de la partie Banque d’Investissement, dont les coûts de funding seraient beaucoup plus élevés du fait du caractère indépendant d’une telle structure ; son cours de Bourse serait donc décevant et la valeur boursière perdue sur cette activité ne se reporterait pas intégralement sur l’entité détail et commerciale. Donc l’actionnaire serait probablement perdant. »

Les dangers de l’international

L’argument de Cyril Meilland est partagé par un autre analyste bancaire, Jean-Baptiste Bellon, analyste chez Trapeza Conseil, qui admet toutefois que l’effet conglomérat a pu jouer un rôle dans la déconfiture boursière des banques française, « mais de façon très marginale. Les véritables raisons sont à rechercher ailleurs, par exemple le développement international des banques françaises a sans doute été trop important. » D’ailleurs, les banques canadiennes, qui font partie des plus solides au monde, sont peu développées à l’international et elles sont universelles.

1 Alpha Value, présentation du 7 juin 2012. 2 Séparation des deux activités à l’issue de laquelle le détenteur d’une action d’une banque universelle devient actionnaire de deux banques distinctes.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº750
Notes :
1 Alpha Value, présentation du 7 juin 2012.
2 Séparation des deux activités à l’issue de laquelle le détenteur d’une action d’une banque universelle devient actionnaire de deux banques distinctes.