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Agences de notation : la législation ne peut prendre le pas sur le bon sens

Créé le

17.04.2011

-

Mis à jour le

05.05.2011

Malgré les excès attribuables à la crise financière, réguler ne peut constituer la seule réponse à la suprématie accordée aux notes par les investisseurs. Jean-Paul Gauzès, député européen, plaide pour une meilleure utilisation de la notation proposée par les agences, plutôt que pour l'encadrement des pratiques.

Pourquoi réguler les agences de notation en Europe ?

La crise financière a mis en lumière des manquements en matière prudentielle pour les agences de notation et la législation mise en place vise à instaurer un socle commun pour contrôler la qualité des acteurs présents sur ce marché. Cette législation n’a cependant pas pour vocation de répondre à toutes les situations, car poser une règle aboutit ​souvent ​à ce que certains s’empressent de la contourner.

Les agences de notation ont acquis un pouvoir majeur et les notes constituent des enjeux considérables. Comment éviter les conflits d’intérêt ?

La puissance publique ne peut pas substituer une règle précise à une certaine morale. Quel que soit le modèle économique retenu par les agences de notation, il existe un risque qu’elles puissent être influencées dans l’exercice de leur mission. Mais les conflits d’intérêts se résolvent par l’éthique, la régulation ne peut les empêcher de survenir.

La crise financière met en lumière la faillite des modèles mathématiques qui ont envahi notre monde et qui gouvernent une grande partie des prises de décision. Il faut pondérer l’utilisation de ces modèles mathématiques par davantage de sens commun. L’appréciation de la solidité des acteurs économiques ne peut plus reposer sur une seule approche, aussi rigoureuse soit-elle. Une évaluation multicritères est la seule alternative à la souveraineté actuelle de la notation dans l’appréciation par les investisseurs de tel ou tel émetteur.

Faut-il envisager dans certains cas extrêmes de suspendre la notation ?

La suspension de la notation serait un remède pire que le mal, car à la note se substituerait la rumeur. Les notes à elles seules constituent un prisme réducteur, mais elles sont connues et partagées de tous. Si on cesse de noter, on fait place à une opacité très néfaste. La notation n’est pas une mauvaise chose en soi, elle a juste besoin d’être pondérée par d’autres critères pour éclairer les choix des investisseurs.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº736
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