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Reconversion

« Je n’aurais pas pu créer mon studio sans mon expérience précédente »

Créé le

19.11.2010

-

Mis à jour le

16.06.2017

Fondateur d’un studio de jeux vidéo novateurs, Guy Lévi-Bochi vient d’un milieu plus classique comme la banque d’affaires et le conseil. Il explique ce qui l’a amené à un tel revirement et comment son expérience antérieure l’aide désormais.

Comment vous êtes-vous intéressé aux jeux vidéo ?

Adolescent, j’aimais les jeux de rôle « papier » et les premiers sur ordinateur (surtout l’« Appel de Chtulhu ») et j’étais aussi intéressé par l’informatique. Au bout d’une longue période de harcèlement parental, j’ai eu un Apple II sur lequel je programmais des petits jeux. À l’époque, j’étais assez tenté par l’informatique, mais après un bac scientifique, au final j’ai suivi ce qu’on m’a fortement conseillé de faire : une école de commerce.

Vous avez alors bifurqué vers la banque ...

Oui, à l’ESCP (devenue depuis l’ESCPEA), je me suis spécialisé en finance, puis finance de marché, conseil et stratégie au fil de mes différents stages, notamment l’un des derniers chez Indosuez au service consolidation. À la fin de l’école, j’ai fait 18 mois de volontariat du Service national en entreprise (VSNE) chez Indosuez en Espagne, au lieu du service militaire classique. Je devais aider à la consolidation locale des filiales et faire du reporting financier. En parallèle, la banque mettait en place un nouveau back-office informatique et je devais participer aux tests du système, à son déploiement et à son paramétrage. À l’issue de mon service, un reporting qui demandait un mois au départ se faisait en 3 ou 4 jours en utilisant le système informatique. Nous avions développé des outils en plus pour accéder à la base de données et automatiser l’échange de données entre la comptabilité espagnole et la réglementation française.

Êtes-vous resté longtemps dans le monde de la banque ?

À la fin de mon VSNE, une équipe d’Indosuez Management Audit est venue expertiser la filiale. Comme ils avaient besoin de quelqu’un parlant espagnol et la connaissant bien, ils m’ont recruté pour trois mois. La mission s’est bien passée, je suis resté dans le service pendant environ deux ans. Au moment du rachat par Crédit Agricole, lassé de toujours voyager, j’ai demandé à intégrer un service à Paris. Comme les discussions s’éternisaient avec la DRH, j’ai quitté la banque pour faire du consulting externe chez Odysée (qui fait maintenant partie d’Atos Consulting). Pendant deux ans, j’y ai aidé plusieurs banques françaises au moment du passage à l’euro, ou pour adapter leurs services aux 35 heures ou centraliser leur back-office. Mais j’avais envie de monter ma propre société. En 1998, en pleine vague Internet j'ai créé une société d’e-commerce avec un ami venant lui-même de la banque d’affaires. Au bout d’un an, il a reçu une proposition qu’on ne peut refuser pour diriger la filiale d’une grande banque en Malaisie. Je suis donc reparti dans le consulting chez Accenture pour faire du conseil en stratégie, toujours dans le secteur bancaire.

C’est à ce moment que votre passion pour le jeu vidéo revient ?

Oui, je ne me sentais plus en phase avec le travail et j’avais toujours cette envie de création qui me titillait. Je faisais beaucoup de veilles sur les marchés et en voyant le développement des réseaux sociaux et des premiers jeux en ligne, j’ai constaté qu’il y avait des opportunités énormes avec la convergence des deux et l’émergence du social gaming. J'ai quitté Accenture en 2007, pris quelques mois de réflexion et quand mon idée a commencé à mûrir, j’ai entrepris de rebâtir mon réseau. J'ai pris alors contact avec le Centre francilien d’innovation (CFI) pour obtenir leur prêt conseil technologie ouvert aux particuliers. C’est une aide financière pour étudier la faisabilité technique d’un concept. Le CFI m’a mis en contact avec une école d’ingénieurs : l’Epita. Avec elle, j'ai « franchi le cap » et fondé en 2008 ma société: Beyondthepillars. Ce studio est, dès le départ, voué à la création d’un univers original, où le premier jeu Winter Voices (voir l'encadré) sert à faire connaître notre univers avant le lancement d’un univers persistant et à tester notre méthode de production.

En quoi votre expérience bancaire vous a aidé ?

Mes contacts ne m’ont pas trop aidé, car ils ne sont pas du tout dans le même métier. En revanche, les compétences que j’y ai acquises assoient ma crédibilité vis-à-vis des investisseurs. Mon CV joue en ma faveur, je suis beaucoup plus crédible auprès d’eux, car je parle leur langage.

Votre ancien monde ne vous manque pas ?

Pas du tout. Il était trop guindé et sérieux. J’y suis allé par hasard : dès ses premiers stages, on est très marqué dans son CV. Je suis très content d’avoir réussi à concilier ma passion d’adolescent et ma vie professionnelle. Mais je ne pense pas que j’aurais pu fonder Beyondthepillars sans mon bagage professionnel précédent.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº730