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Marchés financiers

L’impératif de solidarité

Créé le

24.03.2020

L’irruption du coronavirus et les mesures adoptées à travers le monde pour limiter sa progression constituent un choc brutal et d’une ampleur peu commune pour nos économies. Les marchés financiers en ont progressivement pris la mesure, entraînant une baisse des prix des actifs financiers. Une fois de plus toutefois, la réponse immédiate des marchés aura plus tenu du réflexe que de la réflexion. Face à ce choc certes conséquent, mais de nature temporaire, la baisse des prix des actifs financiers a en effet rapidement dépassé ce que les seules révisions de croissance justifieraient : la diminution de l’appétit du système financier pour le risque a, une nouvelle fois, engendré une dynamique baissière largement auto entretenue.

Bien qu’initié par un choc de nature différente puisqu’il était alors endogène au système financier, les leçons de la crise de 2008 sont claires. Faute d’une réponse forte et coordonnée des autorités budgétaires (aujourd’hui pour compenser les pertes de revenus des ménages et des entreprises les plus fragiles ou garantir leurs dettes) et des autorités monétaires (pour maintenir une liquidité suffisante et éventuellement mettre un plancher aux prix d’actifs), les doutes ne peuvent que s’alimenter et amplifier le choc initial.

En répondant que la BCE n’avait pas pour « mission de réduire les spreads » entre les taux souverains italiens et les taux allemands, Mme Lagarde a pu laisser penser que les leçons de la dernière crise n’avaient pas été tirées. Heureusement, la bourde a été rapidement corrigée. L’aggravation des tensions sur la dette souveraine italienne qui l’a suivie vient toutefois rappeler que les mécanismes qui ont conduit à la crise des dettes souveraines sont toujours en place. Les progrès enregistrés en matière de solidarité budgétaire sont bien maigres, notamment au regard des enjeux que soulève la crise du coronavirus.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº843