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Investisseur institutionnel

« Il faut que les banques européennes réussissent leurs fusions »

Créé le

24.07.2018

-

Mis à jour le

29.08.2018

Les fusions entre établissements européens pourraient créer de la valeur. Et la réussite de ces opérations pourrait aider les banques européennes à faire meilleure figure dans les classements face aux américaines et aux chinoises.

Dans quelles proportions vos portefeuilles sont-ils investis sur le secteur bancaire ?

Sans distinguer les seules activités bancaires, les services financiers occupent un tiers de nos portefeuilles taux et actions. Nous investissons par l’intermédiaire de fonds ouverts et notre approche n’est généralement pas sectorielle. Toutefois, les fonds que nous sélectionnons, pour leur rapport performance/risque, peuvent être investis dans le secteur bancaire. Notre présence sur ce secteur est donc davantage une incidence qu’un choix délibéré de notre part.

En ce moment, j’observe que nos gérants évitent le secteur bancaire italien. Et nos gérants actions sont sceptiques face aux banques de façon générale car les valorisations boursières sont trop fluctuantes.

Quel est selon vous l’enjeu majeur pour l’avenir des banques européennes ?

Demain, l’un des axes porteurs du secteur bancaire, ce seront les fusions entre établissements européens. Elles ont d’ailleurs déjà commencé, et ces opérations pourraient créer de la valeur ! Il s’agirait pour des établissements français de racheter ou fusionner avec des banques italiennes ou allemandes. Il faut absolument que les banques européennes réussissent leurs fusions, ceci est plus important que l’achèvement de l’union bancaire.

J’ai consulté le classement des 10 premières banques mondiales. Les établissements américains et chinois dominent.

Des fusions aideraient les banques européennes à faire meilleure figure dans ce classement, même si la réglementation joue sans doute elle aussi un rôle sur la compétitivité des banques européennes.

Quels sont les points d’inquiétude liés au secteur bancaire ?

Ce qui inquiète, c’est le phénomène de la digitalisation. Les pertes d’emplois et les fermetures d’agences donnent une mauvaise image du secteur dont nous ne savons pas s’il va vraiment réussir à tirer profit du virage digital.

En tant qu’investisseur, que pensez-vous de la résolution et du bail-in qui peut amener les porteurs d’actions et d’obligations (en fonction de leur rang de subordination) à participer au renflouement interne d’une banque ?

Ce mécanisme ne me choque pas. Je trouve sain que les investisseurs mesurent leurs risques et assument leurs responsabilités. Ces principes viennent remplacer le principe tacite du « too big to fail » qui a conduit au renflouement des banques par les États donc par les citoyens. La nouvelle règle est plus cohérente.

Toutefois les banques doivent être davantage contrôlées pour éviter les scandales tels que la manipulation de l’Euribor ou le fait de passer outre la réglementation des États-Unis. Selon moi, les banques disposent encore d’une trop grande latitude et d’un sentiment d’impunité. Elles manifestent également une certaine arrogance, y compris au niveau de leur activité de dépositaire. Nous ressentons cette arrogance en tant que client de ces dépositaires par l’intermédiaire desquelles nous passons nos ordres. Ces filiales de banques nous imposent un formalisme très contraignant et ne font preuve d’aucune souplesse ni d’aucune écoute. Cette expérience contribue à forger l’image que nous avons des banques, même si elle n’est pas déterminante dans nos décisions d’investissement.

Vous êtes-vous intéressé à une valeur bancaire en particulier ?

J’observe plus particulièrement le parcours boursier de la Société Générale, qui est mauvais ces derniers mois et, étonnamment, cet établissement ne fait pas appel à une augmentation de capital. Il ne semble pas non plus s’orienter vers une fusion ambitieuse mais davantage vers des petites opérations.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº823