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Finance durable

Green BCE

Créé le

23.02.2021

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a exposé sa vision de la façon dont la BCE pourrait verdir sa politique pour lutter contre le réchauffement climatique.

François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France, a ré-affirmé son engagement en faveur d’une politique monétaire verte lors de la cinquième édition des rencontres « Climat et finance durable » [1] . Il a tout d’abord expliqué que la prise en compte du changement climatique est inclus dans le mandat monétaire actuel de l’Eurosystème. Ainsi concernant la stabilité des prix, les chocs dus au changement climatique pourraient provoquer à la fois des tensions sur les prix et un ralentissement de l’activité, générant des risques de stagflation.

Les risques climatiques constituent également une source de risque financier, auquel le bilan de la BCE est exposé par le biais des titres qu’elle achète et des actifs remis en garantie, et « dans une mesure insuffisamment prise en compte ». En cause, une information incomplète et peu standardisée sur ces risques, ainsi que des difficultés de pricing de ces derniers.

Le verdissement de l’action de la banque centrale, selon François Villeroy de Galhau, pourrait s’articuler autour de trois actions sur le risque climatique :

Prévoir, en recalibrant les modèles utilisés pour mieux comprendre les effets du changement climatique sur les prix et sur la croissance, sur la durée du cycle économique ainsi qu’à des horizons plus lointains ;

Publier, en imposant la transparence aux contreparties des banques centrales, financières ou corporate, pour leur collatéral ou les programmes d’achat de titres, et en exigeant des émetteurs de publier leurs expositions au risque climatique selon une métrique à harmoniser ;

Incorporer, enfin, c’est-à-dire réduire le risque climatique supporté par la banque centrale, à travers l’achat ou la prise en garantie des actifs corporate, à l’exclusion des titres souverains. Car « il est très difficile de différencier les politiques climatiques des États de la zone euro » et les corporate sont identifiées comme « les acteurs dont les activités sont les plus intensives en carbone ». Une seconde étape consisterait à étendre cette stratégie de décarbonisation aux titres émis par les institutions financières, qui devront alors être en mesure d’évaluer leurs émissions indirectes induites par les activités financées.

Quant à la méthode de décarbonisation à adopter, le gouverneur préconise un ajustement de la valorisation des actifs en fonction du risque de transition climatique, plutôt que l’exclusion des titres. Celui-ci pourrait s’appliquer directement en matière de collatéral. Pour les achats de titres, qui ne peuvent se faire qu’au prix du marché, il s’agirait de recalibrer les limites d’achat par entreprise, en fonction de critères climatiques. E.C.

  1. 1 Co-organisée par la Banque de France et Option Finance le 11 février dernier.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº854
Notes :
null
1 Co-organisée par la Banque de France et Option Finance le 11 février dernier.