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L'actualité des M&A bancaires

Grèce : l'union impossible

Créé le

13.05.2013

-

Mis à jour le

05.06.2013

Au cours des dernières années, les rapprochements avortés entre les principales banques grecques ont été nombreux. Une fois de plus, une mégafusion entre deux banques systémiques a échoué.

Alors que la banque grecque Piraeus Bank poursuit ses emplettes au niveau domestique avec le rachat de la filiale locale du portugais Millennium Bcp, sa compatriote Eurobank va être recapitalisée à hauteur de 5,8 milliards d’euros par le Fonds hellénique de stabilité financière (FHSF). Cela équivaut de fait à sa nationalisation (voir Encadré 1). Elle devient ainsi la plus importante banque grecque à passer sous le contrôle de l’État depuis le début de la crise de la dette. Pour garantir leur autonomie de gestion, les quatre principales banques du pays s’étaient engagées en décembre dernier auprès des créanciers de la Grèce à lever elles-mêmes au moins 10 % de leur capital auprès d’investisseurs privés. Or cette condition avait peu de chances d’être remplie par la troisième banque grecque, suite à l’échec de son rapprochement avec National Bank of Greece (NBG).

C’est le 5 octobre dernier que le numéro un bancaire grec avait annoncé son projet de fusion avec sa concurrente Eurobank [1] . À cette époque, l’opération avait été saluée par les actionnaires des deux établissements bancaires, le gouvernement d’Athènes ainsi que le gouverneur de la Banque centrale de Grèce, qui y voyait « une étape majeure dans la restructuration globale du secteur bancaire grec ». La « troïka » (FMI, Commission européenne et BCE) avait aussi donné son aval. Le nouvel ensemble NBG-Eurobank devait représenter près de 180 milliards d’euros d’actifs, 110 milliards d’euros de prêts, 88 milliards d’euros de dépôts et un réseau national de plus de 900 agences.

Or, suite à l’opposition de plus en plus vive de la « troïka », cette fusion a finalement été suspendue par les autorités grecques, début avril. Tout d’abord, elle soulignait une « concentration excessive » en raison d’une part de marché cumulée de 40 % sur les dépôts au niveau national. Par ailleurs, elle faisait remarquer que les actifs du nouveau groupe représentaient l’équivalent du PIB de la Grèce. L’inquiétude du FMI et de la Commission européenne n’avait cessé de monter ces dernières semaines, tandis que le processus de fusion s’accélérait. La récente crise chypriote les a définitivement convaincus des risques considérables inhérents à la formation d’un tel mastodonte pour la stabilité du pays, en cas de défaillance.

Ces dernières années, plusieurs tentatives de mégafusions entre les quatre principaux établissements bancaires grecs avaient déjà échoué. En effet, NBG a tenté par deux fois, en vain, de se marier avec Alpha Bank. De même, Eurobank et Alpha Bank ont entamé des discussions en vue d’un rapprochement en 2011, avant que ce dernier n’y mette un terme l’année suivante. Néanmoins, c’est la première fois que l’arrêt du projet est imposé par les autorités de tutelle pour des raisons d’ordre réglementaire. À l’heure où l’on s’interroge sur la problématique du traitement des institutions financières d’importance systémique, l’issue de la fusion NBG-Eurobank pourrait faire jurisprudence.

 

Achevé de rédiger le 11 mai 2013.

 

1 Lire la chronique sur l’actualité des M&A bancaires, Revue Banque n° 754, décembre 2012.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº761
Notes :
1 Lire la chronique sur l’actualité des M&A bancaires, Revue Banque n° 754, décembre 2012.
RB