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La gestion ALM de l’épargne : une équation sous contrainte

Créé le

27.11.2014

-

Mis à jour le

09.07.2015

« Nous voulons devenir un acteur majeur de l’épargne sous toutes ses formes : l’épargne bilantielle, c’est-à-dire les dépôts que nous sommes capables de collecter, qui est le nerf de la guerre dans la nouvelle réglementation ; mais également l’épargne sous forme d’assurance vie, qui représente 40 % de l’épargne des Français », affirmait François Pérol, président du groupe BPCE, dans son allocution, lors des journées de l’AFTE, le 19 novembre, au Palais Brongniart à Paris.

L’épargne, plus que jamais, constitue un enjeu stratégique pour les banques : du niveau de ces ressources dans les bilans des banques dépendront leur liquidité et son coût. Mais dans cette gestion actif-passif, il leur faut intégrer de nombreuses variables et inconnues : l’équilibre entre épargne bilantielle et non bilantielle, réglementée ou non réglementée ; l’évolution des taux de marché, aujourd’hui historiquement bas ; les comportements des agents économiques ; l’apparition des supports euro-croissance... Le dossier de Revue Banque, réalisé par Séverine Leboucher, fait le point sur ces différents facteurs qui impactent la gestion ALM de l’épargne.

Les banques françaises défendent leur modèle de banque universelle. Laurent Quignon (BNP Paribas) a mené une analyse sur 158 banques européennes et américaines, qui relie le ratio de pertes maximales cumulées entre 2007 et  2013 à la taille du bilan. Celle-ci montre que « les niveaux de pertes en proportion du bilan ou des actifs pondérés sont une fonction décroissante de la taille ». L’auteur plaide pour que ce constat soit aussi pris en compte dans les débats réglementaires actuels sur la réforme de structure européenne et des exigences issues du TLAC [1] .

Une accumulation, pas une substitution ! Jérôme Frugier (BNP Paribas) en fait le constat : en matière de régulation prudentielle et de risque de crédit, les obligations issues de Bâle III ne remplacent pas celles de Bâle II, mais viennent plutôt s’y ajouter ou les renforcer. En outre,  les banques européennes n’ont pas achevé la transition de leurs portefeuilles de prêts vers l’approche IRBA [2] . Ainsi, « contrairement à certaines idées reçues, les budgets “Bâle II” des établissements bancaires ne sont pas près de diminuer »…

Au moment où les entreprises sont incitées à se financer plus sur les marchés, l’ordonnance du 31 juillet 2014 relative au droit des sociétés est sans doute la bienvenue : comme le souligne Bruno Zabala (CMS-Bureau Francis Lefebvre). Celle-ci reconnaît la liberté d’émission de titres de créance innomés ; elle simplifie l’émission de valeurs mobilières composées ; elle clarifie enfin, dans une moindre mesure, le régime de protection des droits des porteurs. Dix ans après l’ordonnance qui avait libéralisé le régime des valeurs mobilières complexes, il s’agit à présent de supprimer des contraintes considérées, après observation de la pratique, comme inutiles. Certes, souligne l’auteur, le texte ne répond pas à toutes les attentes des acteurs de marché, mais il contribue au « perfectionnement compétitif de notre droit du financement des entreprises ».

Nouvelle économie

Régis Bouyala (P€mance) étudie comment les intervenants historiques dans les paiements, essentiellement les banques, peuvent réagir à l’arrivée des nouveaux entrants, pour préserver leur capacité d’innovation et au final leurs parts de marché. Les montages de corporate venture, c’est-à-dire de prises de participation minoritaires dans ces derniers, semblent être le partenariat le plus porteur de valeur.

1 Total Loss Absorbing Capacity. 2 Internal Rating Based Approach.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº778
Notes :
1 Total Loss Absorbing Capacity.
2 Internal Rating Based Approach.