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Financement : les entreprises anticipent mais comptent sur leurs banques

Créé le

20.03.2020

Face à la crise sanitaire, les trésoriers sont, pour l’heure, assez confiants sur le soutien des banques.

Depuis le lundi 23 mars, le financement sur les marchés des titres négociables à court terme NEU (European Commercial Paper) s’avère problématique. « À partir du milieu de semaine, seuls les souverains ou quasi souverains ont pu émettre. Quelques entreprises, en y mettant le prix ou en ajustant les échéances ont trouvé preneur » soulignait le 20 mars l’AFTE dans un communiqué. Une situation qui ne surprend pas les trésoriers de l’AFTE : « les investisseurs ont du cash mais, sans visibilité, ne savent que faire » explique Daniel Biarneix, vice-président de l’association. Comment les trésoriers envisagent-ils de se financer ? Concernant les grandes entreprises, si elles se trouvent dans l’incapacité de renouveler leurs positions sur le marché NEU CP, elles pourront tirer sur les lignes de crédit de back up dont elles disposent, pour la plupart, auprès de leurs banques. Certaines semblent déjà avoir franchi le pas, par exemple dans les secteurs les premiers touchés par les conséquences économiques de la crise sanitaire, comme les compagnies aériennes. D’ailleurs, « les grandes entreprises cotées doivent, pour bénéficier de la notation, démontrer leur capacité à se financer sur des lignes de crédit et leur propre cash pour une durée de 12 à 18 mois » précise Jérôme Guttières, président de la Commission financements de l’AFTE. La situation se pose évidemment  de  façon très différente pour les PME et TPE qui négocient au cas par cas leurs encours de crédit auprès de leurs banques.

Mais celles-ci sont mobilisées sur la question et le font savoir : soulignant que la crise actuelle, contrairement à la situation de 2008, ne vient pas du secteur financier ni des banques, Frédéric Oudéa, président de la FBF et directeur général de la Société générale, a rappelé dans une interview sur BFM que les banques françaises ont renforcé depuis 10 ans leur capital : « nous entrons dans cette crise avec la solidité de notre bilan. Il s’agit de mettre en place pour toutes les entreprises qui en auraient besoin les financements de trésorerie leur permettant, y compris si leur chiffre d’affaires baisse de 80 ou 100 %, de passer ce cap. »

Les trésoriers sont, pour l’heure, assez confiants sur le soutien des banques : celles-ci bénéficieront en effet pour faire face à cette situation de deux filets de sécurité. Elles disposeront des liquidités nécessaires grâce aux mesures annoncées par la BCE et la Banque de France, et de la garantie de l’État sur les nouveaux prêts de trésorerie, à hauteur de 300 milliards d’euros, annoncée par le ministre des finances. Mais, prévient toutefois l’AFTE, pour éviter que la crise sanitaire ne se transforme en crise de liquidité, les mesures prises doivent être opérationnelles au plus vite.

François Villeroy de Galhau, le gouverneur de  la  Banque de France, a annoncé que  les rachats de commercial paper, destinés à relancer le marché NEU CP,  pourraient débuter dès mercredi 25 mars et porteraient sur toutes les maturités à partir de un mois.

Frédéric Oudéa a précisé que les banques ont déjà commencé à « décaler jusqu’à six mois les échéances de remboursements de prêts aux entreprises, sans frais additionnels ni pénalités » et que, dès mercredi, « toutes les entreprises pourront demander à leur banque un prêt d’un montant pouvant atteindre trois mois de chiffre d’affaires annuel » [1] . Pendant un an, les banques ne prendront pas de marge sur ces crédits, mais répercuteront le coût du taux d'intérêt auquel elles empruntent et celui de la garantie de l’État (entre 0,25 et 0,50 % du montant du prêt).

Les entreprises espèrent également que les agences de notation ne vont pas dégrader par anticipation leurs notations, et suivent avec attention les évolutions des limites des assureurs crédit.

Achevé de rédiger le 20 mars 2020, actualisé le 25 mars 2020.

 

 

1 Interview, Le Parisien, 23 mars 2020
 

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº843
Notes :
1 Interview, Le Parisien, 23 mars 2020