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L’European Payment Initiative au cœur des discussions

Créé le

14.11.2021

Annoncée officiellement en juillet 2020 par seize grandes banques européennes, l’European Payment Initiative (EPI) doit déboucher sur un nouveau schéma de paiement européen, plus adapté aux nouveaux usages, pour s’affranchir des prestataires étrangers comme Mastercard et Visa, mais aussi des nouveaux venus comme Apple Pay ou Google Pay. Selon son faire-part de naissance, il s’agit « de créer une solution de paiement paneuropéenne unifiée s’appuyant sur les paiements instantanés-SEPA Instant Credit Transfer (SCT Inst), proposant une carte bancaire aux consommateurs et commerçants à travers l’Europe, un portefeuille numérique et des solutions de paiement “peer-to-peer” (P2P) ». Le programme est ambitieux. Dix-huit mois plus tard, tandis qu’EPI doit annoncer sa société cible et se prépare à être lancée début 2022, le doute demeure. Comme l'a résumé un observateur français lors de France Payments Forum, « les banques autrichiennes sont toujours absentes, les banques italiennes hésitent, alors qu'elles sont déjà engagées dans de lourds investissements pour moderniser leurs infrastructures de paiement, et même les banques espagnoles commencent à s'interroger sur l'utilité du projet ».

La table ronde consacrée à EPI a été annulée en raison de la proximité d'une réunion à venir, début décembre, en vue de créer de société cible et de lever des fonds à hauteur de 1,5 milliard d’euros. Mais le projet était dans tous les esprits, alors que les ministres des Finances de sept grands pays européens (Allemagne, Belgique, Espagne, Finlande, France, Pays-Bas et Pologne) venaient de publier un communiqué conjoint, rappelant le soutien des instances européennes à cette initiative privée : « Nous pensons fermement que le temps est venu de construire une authentique Europe des paiements, qu'un marché intégré et ouvert aux solutions de paiement électronique, sans distinction entre les paiements nationaux et transfrontaliers et aucun obstacle inutile, est nécessaire à l'avancement du marché intérieur. » Et d’appeler à plus d’unions autour de l’EPI : « Nous encourageons l'EPI à poursuivre ses efforts pour que davantage d'États membres et leurs communautés bancaires et de paiement rejoignent l'initiative. »

À ce jour, une trentaine de banques et deux sociétés de paiements (Nets et Wordline) se sont engagées dans l'EPI. Réussite ou échec, elle aura un impact fort sur un secteur dont aucun acteur de poids (Visa, MasterCard, Alipay, Tencent, Google Pay, Apple Pay…) n’est européen. « Les paiements sont devenus un enjeu majeur, a reconnu Gabriel Cumenge, sous-directeur à la direction du Trésor, à la tribune de France Payments Forum. EPI est une initiative privée, mais nous sommes aujourd'hui dans une situation telle qu’il n’existe pas d’acteur majeur européen. Il est donc très important de voir émerger quelques acteurs dominants qui auraient une affectio societatis principalement européenne ». Affaire à suivre.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº862
RB