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Change & taux

États-Unis, zone euro : des stratégies fiscales divergentes

Créé le

12.01.2011

-

Mis à jour le

31.01.2011

Depuis plusieurs mois déjà, l’Europe a choisi de s’engager sur la voie d’une réduction à marche forcée de ses déficits publics. Les gouvernements ont décidé non seulement de commencer dès maintenant à consolider leurs budgets, mais de le faire « énergiquement » pour enrayer rapidement la hausse du poids de leurs dettes dans le PIB. En annonçant un nouveau plan de stimulation fiscale, les États-Unis viennent de choisir une autre voie : craignant pour le dynamisme de leur reprise, ils préfèrent repousser à 2012 leur effort budgétaire.

De ce côté-ci de l’Atlantique, on explique volontiers que le choix européen n’en est pas véritablement un et qu’il est, pour une large part, « dicté » par les marchés financiers. Et d’ajouter que l’on doit au seul « privilège exorbitant du dollar » la possibilité laissée aux États-Unis d’utiliser à nouveau le levier budgétaire… L’argumentation est pour le moins discutable. D’abord les États-Unis sont loin d’être seuls à pouvoir, aujourd’hui, s’endetter sur les marchés : beaucoup de pays européens empruntent à des taux toujours très bas. Ensuite, aucun gouvernement, pas même l'américain, n’est à l’abri d’un changement d’attitude des marchés. Pour préserver leur crédibilité, les États-Unis vont, eux aussi, devoir expliquer comment ils comptent, demain, rétablir l’équilibre de leurs finances publiques.

Le choix américain n’est pas pour autant dépourvu de logique. Certes, les mesures de soutien envisagées n’ont pas toutes les mêmes effets. La décision de prolonger pour les plus riches les baisses d’impôts de G.W. Bush, par exemple, coûtera près de 70 ​milliards de dollars au budget. Or on estime généralement que chaque dollar ainsi perdu pour le budget ne générera que 30 ​cents d’activité supplémentaire, cinq fois moins qu’un dollar dépensé pour indemniser un chômeur. En décidant d’injecter quelques centaines de milliards de dollars de plus dans l’économie, les États-Unis s’assurent toutefois contre le risque d’une rechute dangereuse de leur activité. La stimulation fiscale n’est peut être pas toujours aussi efficace que l’affirment ses défenseurs, mais elle n’est certainement pas aussi inutile que le prétendent ses détracteurs.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº733