Au sortir de la crise financière, les États-Unis ont clairement privilégié le retour de la croissance à la réduction du déficit public. Depuis la fin de l’année dernière, ils sont toutefois engagés sur un chemin qui ressemble de plus en plus à celui emprunté par l’Europe. Le pire – un resserrement budgétaire de 4,5 points de PIB – a certes été évité. Le coup de frein budgétaire n’en est pas pour autant négligeable : il devrait être, cette année, de l’ordre de 2 points de PIB.
Ce changement de cap – résultat, non d’un choix délibéré, mais plutôt d’une incapacité politique des démocrates et des républicains à s’entendre – est risqué : il intervient alors même que la reprise est toujours fragile. Surtout, l’horizon budgétaire est loin d’être totalement éclairci : pour éviter un arrêt du fonctionnement de certains services publics, les deux camps vont devoir rapidement (avant le 27 mars) accepter d’entériner le budget de…
Dans ce contexte, la politique monétaire devrait rester accommodante pendant encore un long moment. Consciente du risque lié à un retrait prématuré de la stimulation monétaire, la Réserve fédérale a d’ailleurs, l’hiver dernier, modifié sa politique de communication pour rendre ses objectifs plus explicites : elle maintiendra ses taux bas tant que le taux de chômage ne sera pas redescendu en dessous de 6,5 % (pourvu que l’inflation ne dépasse pas 2,5 %). Atteindre cette cible prendra du temps : même sans remontée du taux d’activité, il faudra que les États-Unis créent 180 000 emplois par mois pendant plus de 2 ans, pour ramener le taux de chômage de 8 % aujourd’hui à 6,5 %. Et si le taux d’activité remontait d’un point, trois années seraient alors nécessaires.
Il est difficile dans ces conditions de penser que la stimulation monétaire pourrait être retirée trop tôt. Le président de la Fed de Chicago, Charles Evans, a au fond peu de raisons d’être, comme il le craint, « réveillé la nuit par le spectre d’une répétition de l’expérience japonaise » !