L’efficience des marchés est une question théorique majeure dont la validité a été questionnée par la crise de 2007. On peut traduire l’expression anglaise « efficient markets » par « marchés efficients » ou « marchés efficaces ». Or la distinction entre ces deux traductions ne relève pas uniquement de la nuance sémantique, ou de la chasse aux anglicismes. Le terme « efficient » employé au plus près du sens de l’expression anglaise suppose un marché :
- rationnel ;
- incorporant toute l’information disponible ;
- impossible à battre.
Aussi dogmatique que certains puissent la considérer aujourd’hui, la théorie de l’efficience des marchés fut initialement formulée comme une hypothèse : l’« efficient market hypothesis » (EMH). Celle-ci est particulièrement importante dans la construction de la finance moderne car d’une part elle a joué un rôle structurant dans le développement du secteur financier des trente dernières années, et d’autre part tous les acteurs des marchés financiers l’intègrent dans leurs outils de prise de décision. Si les marchés ne sont pas efficients, faut-il remettre en question les conséquences scientifiques et politico-économiques tirées de la théorie ?
D’un point de vue scientifique d’abord, l’EMH est en effet l'une des pierres de touche d’une industrie financière dont l’utilité économique et sociale est de financer l’économie et de gérer l’épargne (et donc d’assurer certains risques sociaux) des individus. Si l’EMH n’est pas valide, la science économique ne doit-elle pas, comme elle l’a fait dans toutes les précédentes crises majeures, remettre en cause ses fondements théoriques et explorer de nouvelles voies ?
Cet article est extrait du Hors-Série de Revue Banque : « A quoi servent les marchés financiers ? », à paraître en juin 2011.