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Soutien à l’économie

« On est dans une préoccupation de capacité et de durée de remboursement »

Créé le

20.11.2020

Bruno Le Maire a annoncé des adaptations des mesures de soutien aux entreprises fin octobre. Elles peuvent contracter un PGE jusqu’au 30 juin 2021 et demander une seconde année de différé de remboursement. La question de la durée de la crise reste un gros point d’incertitude pour évaluer le bon calibrage des mesures.

Que pensez-vous des dernières adaptations du PGE ?

Le fait qu’une entreprise ait la possibilité de revenir sur une demande de PGE qui n’avait pas été obtenu en totalité du maximum possible est nouveau et bienvenu. Et le fait qu’il y ait un peu plus de clarté sur l’engagement des taux et sur la durée et le début de remboursement sont des choses qui vont dans le bon sens parce que le PGE est LA mesure emblématique, avec la montée en puissance du fonds de solidarité.

Quid du différé de remboursement de 2 ans au total ?

Il est important que l’ensemble des intermédiaires financiers montrent jusqu’au bout leur solidarité vis-à-vis des TPE et PME. On est dans une situation exceptionnelle. Beaucoup a été fait, et les entreprises restent aussi, pour les banques, des clients . Il vaut mieux un client en bonne santé qu’un ancien client qui a fermé le rideau. Il y a un vrai enjeu de dialogue, et celui-ci fonctionne bien entre les entreprises et les banques en Ile-de-France.

Le taux entre 1 et 2,5 % est-il satisfaisant ?

C’est un taux qui reste responsable. Il faut accepter dans le monde des PME que le travail de la banque soit rémunéré. On ne peut pas dans un contexte catastrophique demander des efforts supplémentaires à ceux qui en donnent déjà. On ne peut pas demander aux banques de « travailler à perte » sinon on va avoir des établissements financiers en risque prudentiel. Il faut arrêter le poujadisme là-dessus.

Le dispositif de soutien modifié fin octobre est-il bien calibré ?

Le dispositif est bien calibré à ce jour dans la mesure où on est dans une optique de deuxième confinement. Si un jour on est dans un troisième confinement, il faudrait décaler à nouveau les remboursements, dans un contexte de règles européennes qui imposent des remboursements dans les 6 ans. Nous aurions préféré des remboursements sur 10 ans. Nous sommes dans une situation de crise qui touche non pas un pays mais l’ensemble des pays européens, et sur 6 ans des entreprises risquent de ne pas pouvoir rebondir et de déposer le bilan.

Quels autres points d’inquiétudes persistent ?

Deux points noirs subsistent aujourd’hui pour les PME, les baux commerciaux et la durée de la crise. Les petites entreprises qui ne sont pas propriétaires de leurs locaux ont aujourd’hui de vraies difficultés : en activité ralentie voire en fermeture administrative, elles doivent néanmoins régler leurs loyers or très peu de foncières ou bailleurs accordent des dégrèvements, c’est un problème aujourd’hui qui grève un budget à Paris et en Ile-de-France en particulier. À Paris, certains bailleurs sociaux ont joué le jeu de l’exonération totale de 3 à 6 mois. Ce n’est pas le cas de tous… Le passage de 30 à 50 % n’est pas suffisant car le reste à charge est important pour les petits bailleurs privés. On a besoin d’un crédit fiscal d’1 à 3 mois pour les bailleurs pour que ce dispositif mesure devienne efficace, clair et fort.

Le deuxième point noir c’est la durée de la crise. On a un deuxième confinement, mal vécu et mal supporté. Y en aura-t-il un troisième ? Aujourd’hui, on n’est plus dans une préoccupation de dispositif, mais de durée du dispositif, de capacité et de durée de remboursement. Pour l’instant, on accumule de la dette et il faudra bien soit la rembourser avec de longs délais soit obtenir de nouveaux moratoires.

 

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº850