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Entretien avec Germain Michou-Tonning, directeur des Opérations chez Qonto

Créé le

14.10.2020

Pourriez-vous nous indiquer la stratégie de Qonto concernant le core banking ?

Comme cela avait été le cas dans ma précédente expérience chez Compte-Nickel, Qonto a fait le choix de développer son propre core banking. Bien que plus coûteux au départ, l’investissement s’est révélé payant : avoir la parfaite maîtrise de notre core banking nous a permis de répondre aux défis de la scalabilité (à savoir passer de 0 à 100 000 clients en 3 ans) et de répondre aux enjeux réglementaires en constante évolution. De par sa conception même, par briques, les nouveaux développements sont possibles sans impacter toute la structure. L’IT est pleinement intégré à la banque et considéré comme cœur de métier. Nous sommes une boîte tech avant d’être une banque. Cela change considérablement l’approche.

Quels sont, selon vous, les attendus pour un bon SI ?

La fiabilité tout d’abord, il y va de la crédibilité d’un nouvel établissement bancaire comme Qonto. Son adaptabilité (scalabilité notamment) ensuite. Enfin sa capacité d’évolution ; à ce titre, la conception en mode API est un outil parfaitement adéquat.

Est-ce un aspect différenciant de Qonto par rapport à son marché ?

À mon sens oui. Certaines néobanques n’ont développé qu’une simple surcouche web et le SI reste celui d’une banque traditionnelle, sans temps réel et avec une capacité de développement plus réduite. Quant aux banques traditionnelles elles-mêmes, elles souffrent d’avoir un SI dont la structure a des dizaines d’années. Avec un codage en Cobol et des ajouts successifs au fil des décennies, les temps de développements sont longs et coûteux car l’expertise se fait rare et est souvent externalisée.

Qonto dispose d’un SI « en temps réel ». Quels sont les avantages d’une telle technologie ?

Si cela représente un surcoût, celui-ci est bien compensé par les économies réalisées dans la lutte contre la fraude par exemple. En effet, cela permet de détecter et de bloquer les opérations suspectes plus vite et d’éviter les situations débitrices non souhaitées. Il existe des contraintes technologiques liées à des flux qui restent en production journalière, toutefois cela évolue dans le sens du temps réel – par exemple, les paiements à la pompe dans les stations-service sont récemment passés au temps réel permettant d’éviter un débit du montant pré-accordé avant régulation sur le montant réel.

Quel avenir voyez-vous pour les SI core banking ?

Selon moi, le core banking est devenu crucial pour les banques. Il permet de développer de nouvelles fonctionnalités tout en continuant de s’adapter aux évolutions réglementaires. Il en va de la capacité d’adaptation et donc de la survie des établissements bancaires. Certaines banques l’ont compris en rachetant des néobanques, toutefois exploitent-elles ces nouveaux SI ?

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº849