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Risque systémique

L'endettement des entreprises, source de vulnérabilité des banques en 2021 ?

Créé le

21.01.2021

Une augmentation importante des défauts des entreprises pourrait peser sur les résultats des banques, estime la Banque de France.

La dégradation de la situation financière des entreprises constitue la première source de vulnérabilité des banques et de leur écosystème en 2021, selon le rapport sur l’Évaluation des risques du système financier établi par la Banque de France. Une augmentation importante des défauts des entreprises constitue aujourd’hui un risque systémique selon les experts, du fait de la probabilité de sa matérialisation, de son impact systémique potentiel, et de son évolution rapide à court terme – les six prochains mois.

Choc de trésorerie

L’endettement brut des entreprises a fortement augmenté lors du premier confinement, au printemps 2020. Et « il devrait rester élevé tant que durera la crise sanitaire », prédisent les auteurs du rapport. L’activité s’est brutalement contractée, provoquant un choc de trésorerie de l’ordre de trois semaines de chiffre d’affaires pour 62 % des entreprises, soit environ 160 milliards d’euros. L’augmentation de l’endettement brut a néanmoins été plus importante que le besoin de financement résultant du seul choc de trésorerie, certaines entreprises préférant s'endetter par mesure de précaution. Lors du second confinement, intervenu à l'automne, les entreprises ont mieux anticipé les contraintes qui allaient peser sur leur activité, et les pertes ont été moins importantes. La dégradation de leur solvabilité varie fortement d’un secteur à l’autre et, si elle a pu être en partie amortie par les mesures de soutien du gouvernement, le risque résulte de la diversité croissante des situations entre entreprises.

Un niveau de risque inédit

Le risque lié à l’endettement des entreprises s'établit aujourd'hui « à un niveau inédit ». « Aucune dégradation de la situation de solvabilité et de liquidité des banques n'est à craindre aujourd'hui, a insisté Sylvie Goulard, sous-gouverneure de la Banque de France lors de la présentation de l'étude, le 7 janvier. Mais si l'insolvabilité des entreprises devait continuer à obérer le coût du risque et peser longtemps sur la rentabilité des banques, voire sur leur solvabilité, un nouveau chapitre pourrait s'ouvrir. » Pour restaurer durablement la capacité d'endettement des entreprises viables, les auteurs du rapport insistent sur la pertinence des dispositifs récents visant à renforcer leurs fonds propres, tels que le label « Relance » ou les prêts participatifs soutenus par l'État : « Si un scénario de reprise lente devait se confirmer, une augmentation importante des défauts des sociétés non financières serait de nature à peser sur les résultats des banques, via une augmentation des pertes et provisions associées au risque de crédit des entreprises. Une consolidation du passif des sociétés non financières, par une augmentation des fonds propres apparaît nécessaire pour favoriser le rebond macroéconomique. »

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº853