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Économie

L'effet majeur de la remontée du prix du pétrole

Créé le

15.05.2018

-

Mis à jour le

31.05.2018

Les commentaires sur l’évolution de la situation économique et sur celle des marchés financiers oublient souvent un facteur explicatif central de ces évolutions : la remontée du prix du pétrole. Il y a un an, le pétrole valait 43 dollars le baril, aujourd’hui, c’est 75 dollars le baril (voir graphique). Cette hausse forte sur un an est surtout due à la rapidité de la croissance de la demande mondiale de pétrole (+1,7 % par an) alors que la production mondiale de pétrole n’augmente, malgré la hausse de la production de pétrole de schiste aux États-Unis, que de 1,2 % par an. Le prix du pétrole a été aussi tiré à la hausse par les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, et par les positions spéculatives de grande taille jouant la hausse du prix.

Il n’est alors pas surprenant que les indicateurs cycliques et conjoncturels se dégradent aux États-Unis et dans la zone euro. Le passage du prix du pétrole de 43 à 75 dollars le baril en un an réduit le revenu réel de l’équivalent de 0,7 point de PIB aux États-Unis et de 1,5 point de PIB dans la zone euro. Même si la propension à désépargner cette perte de revenu est forte, elle conduit à une perte de croissance sur un an qui est au moins de 0,3 point aux États-Unis et de 0,6 point dans la zone euro. L’effet sur l’inflation de cette hausse du prix du pétrole est aussi conséquent. Le passage du prix du Brent de 43 à 75 dollars, toutes choses égales par ailleurs, augmente l’inflation de 0,6 point aux États-Unis et dans la zone euro ; et augmente l’inflation sous-jacente de 0,3 point aux États-Unis comme dans la zone euro. Ce supplément d’inflation a poussé à la hausse les anticipations d’inflation et les taux d’intérêt à long terme, et est l’explication essentielle de la hausse jusqu’à 3 % du taux d’intérêt à 10 ans aux États-Unis.

Il ne faut donc pas oublier que nous venons de subir un « mini-choc pétrolier » avec le passage en un an du prix du Brent de 43 à 75 dollars. Ce « mini-choc pétrolier » a les effets attendus sur la croissance et l’inflation : il ne faut pas s’étonner des chiffres de croissance inférieurs aux attentes et des chiffres d’inflation supérieurs aux attentes en 2018.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº821