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Perte du AAA

De la difficulté d'adapter le discours politique à la logique des marchés

Créé le

23.01.2012

-

Mis à jour le

31.01.2012

Le 13 janvier dernier, l’annonce de la dégradation de la note souveraine de la France est partie d’une rumeur sur Twitter, en milieu d’après-midi. Relayée par différents journalistes ou organes de presse citant des sources gouvernementales, elle a enflé comme boule de neige, avant la confirmation finale de François Baroin, invité du 20 heures de France 2.

Les chroniqueurs de la campagne présidentielle l’avaient prédit : le triple A de la France serait l’un des personnages principaux de la campagne présidentielle 2012. Les faits leur ont donné raison : hormis les responsables de la majorité qui n’ont pas souhaité commenter l’événement, le week-end a bruissé des réactions des prétendants à la plus haute fonction, dans une ambiance fin-de-mondiste. Christine Boutin et Jean-Luc Mélenchon ont été parmi les plus virulents.

Dans ce contexte, l’arrêt des négociations entre la Grèce et ses créanciers privés est passé inaperçu, bien que lourde de conséquences pour la zone euro.

Le lundi 16 janvier, Moody’s et Fitch Ratings confirmaient le maintien de la note de la France au niveau le plus élevé. Du velours pour le président de la République, qui ne s’est pas privé de fustiger aussitôt les réactions irréfléchies de l’opposition. Lors de ses vœux à la presse, le 17 janvier, François Baroin a renchéri sur le caractère « irresponsable, décalé par rapport à l’intérêt général de l’opinion » des déclarations des jours précédents.

Dans ce contexte, la première émission de dette moyen et long terme de l’Agence France Trésor (AFT) après la perte du AAA, le 19 janvier, avait un caractère de test indéniable.

Capricieux AAA… Sursouscrite 2,12 fois, cette émission a été placée à des taux largement inférieurs à ceux constatés avant la dégradation de la note souveraine de la France. À titre d’exemple, pour les BTAN à 4 ans, le taux moyen pondéré est sorti à 1,89 %, contre 2,82 % lors de la précédente émission, le 17 novembre 2011. Comme beaucoup le disaient, les marchés avaient anticipé de longue date cette dégradation.

A. M.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº745
RB