Le 25 mars 2011, le jury international mis en place par l’Agence nationale de la recherche (ANR) a sélectionné 100 projets qui bénéficient du statut de laboratoire d’excellence. Parmi eux, le Labex RéFi (pour régulation financière), qui associe le CNAM (dont notamment l’ENASS), l’ENA, l’ESCP Europe et l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, pour travailler, comme son nom l'indique, sur de nouveaux axes de régulation du secteur financier.
Les Labex s’intègrent dans une filière d’entités qualifiées d’excellence (voir Encadré 1), visant à donner à l’enseignement supérieur et à la recherche hexagonaux un rayonnement international. Cette filière bénéficie des financements du Grand Emprunt, pour lui donner les moyens d’attirer des chercheurs de renommée mondiale et lui permettre de faire jeu égal avec leurs homologues étrangers. 39 laboratoires sur les 100 sélectionnés ont, comme le Labex RéFi, décroché la meilleure notation de A+.
Un vaste champ de recherche
Le projet RéFi a vu le jour début 2011. Depuis 2008, la finance est devenue un sujet de préoccupation mondial, tant dans les milieux économiques que dans les sphères politiques. Un large champ de recherche s’est ainsi ouvert, qu’entend occuper le projet RéFi, fort des compétences pluridisciplinaires (économiques, juridiques, gestionnaires et financières) que lui apportent ses partenaires. Plus précisément, « il se propose d’apporter aux régulateurs, non seulement des travaux de recherche académique, dont le développement s’étend classiquement sur plusieurs années , mais aussi d’autres formes de production, plus réactives et de portée plus pratique, sous forme de policy papers » explique Franck Bancel, professeur de finance à l’ESCP et directeur du Labex RéFi. Il s'agit de fournir des analyses et notes de synthèse sur des sujets d’actualité qui peuvent être élaborés à court terme, en quelques semaines ou quelques mois. En outre, le laboratoire aura des objectifs d’enseignement, exercés lors de conférences ou par l’édition d’ouvrages, comme celui d’ores et déjà prévu sur l’économie de Bâle III.
Une gouvernance examinée avec attention
Pour mener à bien ces missions, le Labex RéFi disposera d’un budget de 6,4 millions d’euros sur 10 ans, qui seront débloqués progressivement, une première avance sur ces fonds ayant été versée dès octobre 2011. Sa gouvernance, autre critère examiné avec attention par le jury de l’ANR, s’articule en trois comités :
- le conseil scientifique présidé par Christian de Boissieu, professeur à l’Université de Paris 1, président du
CAE et membre du collège de l’AMF, définit les axes de recherche ;[1] - le comité exécutif vote concrètement les projets retenus par le laboratoire ;
- le conseil d’orientation stratégique assure la cohérence des travaux du Labex Réfi avec les attentes des professionnels et des régulateurs.
En outre, le Labex RéFi est géré au sein d’un
Thésards et post-doc
Reste désormais à se retrousser les manches, car émarger sur des ressources rares, à savoir les deniers publics, ne peut pas se faire sans résultats. Tous les 4 ans, l’état d’avancement des recherches sera évalué par l’ANR. Les thèmes de recherche ont d'ores et déjà été cernés (voir Encadré 2). Les groupes de travail, pierre angulaire du dispositif du Labex où cogiteront les chercheurs des différentes écoles et universités, sont en cours de constitution. Dans les mois qui viennent, ils devront faire part de leur plan de marche et des budgets associés pour le recrutement de thésards – sur 3 ans –, de
Un acteur indépendant
Cela étant, les recherches et discussions sur les améliorations de la régulation financière se sont multipliées ces derniers temps : alors, qu’apportera de plus le Labex RéFi ? « Nous avons la capacité de mener des recherches différentes et complémentaires de celles menées par les régulateurs » avance Franck Bancel. Surtout, le Labex RéFi se présente comme un acteur totalement indépendant : « Nous interviendrons sur des questions de régulation pour en estimer les conséquences, car nous ne représentons pas les intérêts d’une catégorie d’acteurs économiques . Au contraire, nous intégrons dans notre réflexion des considérations d’intérêt général, comme la croissance économique, l’emploi ou les politiques sociales » complète Christian de Boissieu.
Une question de ranking
En outre, les Labex, comme les PRES qui peuvent être reconnus en tant qu’Idex, initiative d’excellence (voir Encadré 1), contribuent à une structuration nouvelle du système de l’enseignement supérieur de recherche en France. « À l’inverse de la démarche post-1968, qui a consisté à multiplier la création d’universités, la tendance est aujourd’hui à la concentration pour jouer les économies d’échelle. Si la France veut avoir des pôles d’enseignement compétitifs face à la concurrence des autres pays européens, mais aussi des pays émergents, il faut les doter de moyens suffisants, conditionnés par la faculté de se regrouper, sans hésiter à remettre en cause le clivage entre grandes écoles et universités », souligne Christian de Boissieu. Avec au final la volonté de créer des entités plus visibles dans les classements internationaux, Shanghaï en tête…