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Économie

Des spécificités italiennes… utiles à la France ?

Créé le

14.12.2016

-

Mis à jour le

22.12.2016

La tenue récente du référendum sur la réforme institutionnelle en Italie a de nouveau attiré l’attention des observateurs sur ce pays et sur ses spécificités. Rappelons à cet égard quelques points très importants :

  • la croissance annuelle moyenne du PIB en volume de l’Italie est de 0,7 % depuis 1990 ;
  • la croissance annuelle moyenne de la productivité générale des facteurs est de 0,1 % sur la même période ;
  • le PIB par habitant est inférieur à son niveau de 1997 ;
  • l’investissement productif des entreprises, en volume, se situe aujourd’hui encore 30 % en dessous du niveau de 2007 (alors que la baisse a quasiment été retracée dans le cas de la France) ;
  • l’OCDE estime la croissance potentielle italienne à -0,1 %, cas unique dans les grands pays riches.
Comme en France, l’immobilisme social et politique est élevé ; comme en France, l’Italie est un maquis de rentes, par définition difficilement réformables ; comme en France encore, l’Italie souffre d’un millefeuille institutionnel handicapant. Mais pour la classe politique française, l’Italie joue cependant un rôle plutôt « utile » : celui d’afficher une performance encore plus médiocre et désastreuse que la sienne.

Ce pays, par rapport à la France, présente en effet cinq types de handicaps :

  • son stock de dette publique, plus élevé que celui de la France (132,3 % du PIB contre 96,2 % pour la France, fin 2015) ;
  • son stock de créances douteuses (35 % des créances douteuses du système bancaire européen alors que le pays ne représente que 15,7 % du PIB) qui affecte le bilan des banques italiennes ;
  • la faiblesse de sa gouvernance politique et institutionnelle, à laquelle le projet de réforme soumis à référendum a tenté de remédier partiellement. Rappelons que l’Italie figure à la 61e place à l’indice de perception de la corruption (23e pour la France), malgré une amélioration récente ;
  • la faiblesse de sa compétitivité structurelle (44e au classement du World Economic Forum vs. 21e pour la France, 50e au classement Doing Business vs. 29e pour la France). Parmi les nombreux facteurs de sous-compétitivité, signalons la faiblesse des dépenses de R&D (1,3 % du PIB vs. 2,2 % pour la France) ou celle des dépenses d’enseignement supérieur, la faible ouverture aux investissements étrangers ou encore la lenteur de la justice. Beaucoup d’efforts ont été effectués par les gouvernements de Mario Monti (2011-2012) et de Matteo Renzi depuis février 2014, mais cela reste insuffisant ;
  • enfin, un vieillissement accentué (âge médian de 45,2 ans, soit le 3e pays le plus « vieux » au monde, contre 41,3 en France).

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº803
RB