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Rétrospective 2015

Le crowdfunding prend ses marques, le paiement mobile se fait attendre

Créé le

17.12.2015

-

Mis à jour le

30.12.2015

Sans grandes évolutions majeures visibles par la clientèle, l’année 2015 aura été une période de transition et de consolidation pour l’informatique bancaire.

Que retenir de 2015, en matière d’innovation technologique bancaire ? À défaut d’avoir eu plusieurs annonces marquantes, cette année aura été celle de la consolidation de certains points et au contraire de la déception dans d’autres domaines. Consolidation, car face à la montée des Fintech, les banques ne se sont pas laissées démonter et ont également proposé des services innovants, plus ou moins utilisés comme le transfert de fonds via Twitter lancé par BPCE et S-Money. Désormais, plus qu’une concurrence frontale, certaines solutions nées du Web sont réintégrées par les banques. L’exemple le plus flagrant est ainsi la généralisation des outils de visualisation et de gestion des finances personnelles désormais intégrés dans la majorité des applications bancaires, au lieu de rester l’apanage de services tiers comme Mint, Bankin ou Linxo. Plus discrètes, et encore assez tâtonnantes, les stratégies de rapprochement entre les banques et les différents services de crowdfunding, qu’il s’agisse de prêt ou de levée de fonds, s’inscrivent également désormais dans une tendance forte. En se rapprochant de telles plates-formes, longtemps vues comme des concurrentes directes, les banques y gagnent en agilité. Elles peuvent désormais proposer des services à des prospects qui n’entraient pas dans les conditions d’utilisation de leurs produits. Et dans le même temps, fournir de nouvelles opportunités de placement à leurs clients déjà existants. Elles y gagnent aussi un accès à une meilleure connaissance de leurs marchés, en besoin de financement et en communication. Sans compter un point non négligeable même s’il n’est peut-être pas aussi pérenne : en s’associant avec une plate-forme populaire de crowdfunding une banque dépoussière son image à peu de frais.

Effets d’annonce sans concrétisation

Le paiement sur mobile est pour sa part la grande déception de 2015. Alors que dans les salons, tant cartes 2014 que le Mobile World Congress de Barcelone au début de l’année, celui-ci était au cœur de toutes les préoccupations, en France l’acte peine à se concrétiser. Apple Pay n’est toujours pas arrivé sur le marché français, et sur les marchés où il est déjà présent (États-Unis et Royaume-Uni principalement), une fois l’engouement des premiers mois passés, son usage est vite retombé dans la population. Le HCE (Host Card Emulation) qui permettrait de passer outre les contraintes liées au support matériel peine à se concrétiser. Le pilote annoncé par Visa France au printemps dernier en reste toujours au stade confidentiel. L’entrée de PayPal dans le monde physique à Nancy s’est soldée par un échec retentissant avec très peu de commerçants acceptant ce mode de paiement et encore moins de consommateurs prêts à faire le geste. L’extension d’Orange Money à l’ensemble du territoire national cet automne changera peut-être la donne en 2016, mais elle ne suffira pas. Pour que le paiement sur mobile s’impose réellement dans les mœurs, il faudra que le consommateur en voie l’utilité. Et surtout que l’interface soit aussi simple d’utilisation et rapide que de sortir sa carte de paiement ou son porte-monnaie. Ce qui est encore loin d’être le cas

 

Ils ont dit

PayPal quitte le giron d’eBay

"Annoncée de longue date, la séparation de PayPal et d’eBay intervenue officiellement le 17 juillet dernier n’est pas une surprise. Elle a eu lieu en distribuant une action PayPal pour toute action eBay détenue par les actionnaires du site d’enchères. Conformément à ce qui était prévu en 2014, Dan Schulman devient P-DG de PayPal. Avant même l’officialisation de cette séparation, PayPal a cherché à étoffer son offre en achetant Xoom pour 890 millions de dollars. Cette société, fondée en 2001, est spécialisée dans le transfert d’argent, le paiement de facture et le rechargement de téléphone mobile à l’international. Elle permet d’envoyer des fonds à partir d’un compte bancaire américain vers 33 pays différents, dont la France, soit par virement direct sur un compte bancaire ou une carte de paiement, soit par retrait dans des boutiques associées, ou même en livraison à domicile. À la différence de Western Union ou d’autres services de transfert transfrontaliers, le prix est fixe. Par exemple, vers la France, la transaction – qui ne peut excéder un montant de 2 899 dollars – est facturée 4,99 dollars pour un dépôt sur compte bancaire, et 10,99 dollars pour créditer une carte de paiement. Xoom devrait rester une entité indépendante au sein de PayPal, du moins dans un premier temps. Il est tout à fait possible d’imaginer que PayPal offre Xoom à tout titulaire d’un compte PayPal américain."

Revue Banque n° 787, septembre 2015, p. 44.

 

Apple Watch séduit les banques

"Commercialisée depuis mai, la petite dernière du monde Apple est déjà en rupture de stock. Engouement réel ou gestion stratégique de la rareté de la part de la société à la pomme Il est encore trop tôt pour le dire. En revanche, depuis son lancement, les annonces de portage des applications bancaires vers ce nouvel appareil connecté se multiplient. Après L’Appli de Société Générale, celles du Crédit Mutuel, du CIC, de Caisse d’Épargne et de la Banque Populaire, c’est au tour de BNP Paribas d’annoncer l’arrivée de Hello Watch et Mes Comptes sur l’Apple Watch. Comme pour toutes les applications utilisant la première version d’iOS pour Apple Watch, ces applications nécessitent une connexion permanente avec le téléphone. En effet, à l’heure actuelle, la majorité des applications pour Apple Watch ne sont que des fonctions déportées sur la montre de l’application principale présente sur le téléphone. Il faut donc limiter les fonctions accessibles sur la montre, pour ne retenir que les informations nécessaires au client (solde rapide, localisation d’un DAB ou de l’agence la plus proche, opérations en cours), sans générer d’inconfort. Ainsi, lancer un appel depuis la montre peut être une bonne idée a priori… en pratique, les utilisateurs se lassent très vite de devoir tenir le bras devant eux pour parler De même, alors qu’elle peut se prêter à la réception d’un code aléatoire dans le cadre de 3D Secure, la montre n’est pas adaptée à l’échange d’information par SMS. Ces premières applications servent avant tout à tester l’appétit des clients pour les montres connectées et les différentes façons de s’en servir. Leur ergonomie ne cessera d’évoluer avec les remontées clients, mais également les évolutions du logiciel voulues par Apple."

Revue Banque n° 786, juillet-août 2015, p. 42.

Associer banques et crowdfunding, c’est possible

"Je peux vous confirmer l’intérêt des acteurs financiers traditionnels pour les plates-formes. Il y a beaucoup d’interfaces possibles : utiliser les plates-formes pour faire de l’allocation d’actifs, et la distribution auprès des particuliers des opportunités d’investissement sur les plates-formes. De grandes banques et des banques d’affaires ou privées s’y intéressent, pas forcément pour la même chose. Il y a beaucoup de discussion ouverte aujourd’hui. L’arrivée des acteurs traditionnels ne remet pas en cause le principe du crowdfunding, on oriente toujours l’argent vers l’économie réelle. Au contraire la puissance de distribution des banques démocratise encore plus le crowdfunding. » Benoit Bazzocchi, président de Smart Angels et de l’AFIP (association française investissement participatif)."

Revue Banque n° 782, mars 2015, p. 45.

 

Le CCV bancaire évolue

"Après Oberthur, Gemalto lance sa carte à CCV dynamique. Juste avant l’ouverture du salon Cartes Secure Identification, Gemalto présente sa solution de code de vérification dynamique qui comprend une carte où le cryptogramme visuel change toutes les 20 minutes, un émulateur pour la version mobile et un serveur de validation. [Certaines banques françaises commencent à le déployer auprès d’une partie de leurs clientèles.]"

Revue Banque n° 789, novembre 2015, p. 54.

 

HP se coupe en deux

"Entreprise historique de l’informatique, tant professionnelle que grand public, HP se réinvente en se coupant en deux. Depuis début novembre, la société n’existe plus, mais ses activités ont été reprises par deux autres sociétés : HP Inc, qui regroupe toutes les activités de l’ex-division « PC & Print », à savoir les ordinateurs personnels (utilisés en entreprise ou chez les particuliers) et la partie impression 
Hewlett-Packard Entreprise (HPE) pour tout le reste, à savoir les serveurs, le stockage, la partie réseau, les logiciels, et le service (consulting, intégration, support maintenance et infogérance). La nouvelle entreprise HPE représente 52,7 milliards de dollars de chiffres d’affaires au niveau mondial.
Pour expliquer cette scission, Gérald Karsenti, le nouveau directeur d’HPE en France après avoir dirigé HP France, estime que « cette position de n° 1 du marché, avec un CA de 110 milliards de dollars, n’a pas plus de sens. Il vaut mieux être plus véloce et agile pour mieux influencer le monde dans son évolution technologique. Les modèles économiques [des deux entités, ndlr], les marchés ainsi que les compétences sont très différents. Nous ne nous démembrons pas, nous ajustons et affinons les modèles."

Revue Banque n° 790, décembre 2015, p. 49.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº791