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Change & Taux

De la croissance avant toute chose

Créé le

06.01.2012

-

Mis à jour le

27.01.2012

Et si la vraie difficulté pour les pays sous la pression des marchés n’était pas le déficit budgétaire, mais la croissance ? Il ne s’agit pas, bien entendu, de laisser filer les déficits. Il suffit, en fait, que le ratio dette/PIB soit stabilisé à moyen terme. C’était le cas de l’Italie depuis 20 ans : avec une dette certes élevée, elle avait un excédent primaire, et a moins dérapé pendant la crise que bien d’autres pays. Mais le ratio dette/PIB a aussi un dénominateur : si le PIB n’augmente plus, le montant de la dette ne doit plus augmenter. D’où la nécessité, soulignée d’ailleurs par M. Monti, de la croissance et de la compétitivité.

Il est vrai que, selon l’OCDE, la croissance potentielle de l’Italie serait désormais inférieure à 0,5 %, alors que celles de l’Allemagne et de la France seraient voisines de 1,5 %. Les raisons en sont diverses. Du côté de la compétitivité, les coûts salariaux unitaires ou les prix à la production augmentent, depuis l’introduction de l’euro, beaucoup plus vite en Italie qu’en Allemagne, conduisant à des pertes de part de marché. Celles-ci sont aggravées par une spécialisation sectorielle ou géographique moins favorable, et sans doute aussi par une compétitivité « hors prix » plus fragile. Une raison est sans doute la taille des entreprises, beaucoup plus petite, en moyenne, en Italie. De ce fait, elles ne peuvent notamment pas consacrer suffisamment de ressources à l’innovation : les dépenses de recherche et développement sont deux fois moindres (par rapport au PIB) qu’en Allemagne, et l’Italie dépose six fois moins de brevets (par million d’habitants). À cela s’ajoutent un certain nombre de rigidités dans les marchés des biens ou du travail, sans parler des difficultés de gouvernance (on pense aux différences Nord-Sud).

Mais le pays a bien des atouts : une industrie puissante et diversifiée (bien plus qu’en France) et des ménages bénéficiant du patrimoine net le plus élevé du G7, tandis que la maturité moyenne de la dette publique, très élevée (7,2 ans contre 5,6 en Allemagne), protège les finances de l’État contre une tension sur les taux, si elle n’est que passagère. Pourvu qu’un redressement budgétaire plus sévère et précoce qu’initialement prévu n’entraîne pas le pays dans un cercle vicieux de récession et de déficit, la double tâche de tenir les finances tout en restaurant la croissance sera difficile, mais certainement pas impossible.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº745
RB