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Change & taux

La crise des émergents et la surcompétitivité de la Chine

Créé le

13.02.2014

-

Mis à jour le

25.02.2014

Depuis mai 2013, on a vu de nombreux pays émergents basculer dans un processus de crise : Inde, Indonésie, Brésil, Ukraine, Turquie, Argentine, Thaïlande, Afrique du sud et même Russie. Si on y ajoute l'Australie, c'est un ensemble de pays pesant 19 % du PIB mondial qui se trouve maintenant exposé à une déstabilisation économique et/ou politique.

La coïncidence entre l'amorce de cette crise et les premières suggestions de tapering par Ben Bernanke a conduit le consensus à privilégier une interprétation par le tapering. C'est là confondre l'élément déclencheur et catalyseur avec le facteur explicatif profond.

Nous estimons que le coût salarial ouvrier horaire demeure en Chine 30 fois inférieur à celui de l'Europe de l'ouest, 25 fois inférieur à celui des États-Unis et environ 5 fois inférieur à celui des grands pays émergents. Avec une telle configuration, le made in China continue à s'emparer du marché mondial des produits manufacturés, au détriment des pays dits industrialisés, mais également des pays émergents eux-mêmes.

Les premiers affectés et les plus gravement atteints ont été les pays privés de ressources naturelles (Inde, Indonésie, Turquie, Ukraine…) ; se sont joints à eux, depuis début 2011, les pays dotés de ressources naturelles (Brésil, Argentine, Venezuela…) qui ont vu le cours des matières premières se retourner à la baisse après que la croissance du PIB mondial se fut installée en deçà du seuil de 3,5 % l'an. Cette détérioration désormais générale du solde commercial a inévitablement induit un ralentissement marqué de la croissance de leur PIB. Et la dégradation du ratio « dette extérieure/PIB » a provoqué une véritable crise de confiance chez les investisseurs internationaux, que deux facteurs contribuent à aggraver :

  • la Chine, comme elle l'a fait depuis fin 2008, continuera à refuser une réévaluation significative du yuan ;
  • la Chine est le seul pays en mesure de proposer un soutien financier aux émergents qui en ont besoin, mais tout porte à croire qu'elle se dérobera : depuis début 2012, elle clame qu'elle ne souhaite pas devenir le banquier du monde et que le recyclage réclamé de ses excédents commerciaux passera par l'acquisition d'actifs significatifs à l'extérieur de ses frontières.
La crise des pays émergents reste très préoccupante.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº770