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Économie

La crise des émergents est-elle contagieuse?

Créé le

12.02.2014

-

Mis à jour le

25.02.2014

Alors que les États-Unis viennent à peine de retrouver leur santé économique et que l'Europe tarde à sortir de sa convalescence, les économies développées craignent d'être contaminées par la crise des marchés émergents. ​Ces derniers y verraient peut-être un juste retour de bâton, car ils estiment que le tapering américain est pour beaucoup dans leurs difficultés.

L'atténuation de la politique accommodante menée par la FED n'explique pas à elle seule la crise des émergents. Stéphane Déo, stratégiste chez UBS, souligne les profonds déséquilibres dont souffrent encore ces économies ; ils peuvent eux aussi expliquer la défiance récente des investisseurs, après un fort engouement qui n'a pas été suivi des réformes nécessaires.

« Pour l'instant, la crise des émergents ne risque guère de s'aggraver, car les pays pourront assez facilement effectuer les ajustements nécessaires », estime Stéphane Déo qui, dans cette hypothèse, ne prévoit pas de conséquence dommageable pour les pays développés. Une analyse semblable à celle de Morningstar qui ne voit pas, pour le moment, les difficultés rencontrées par les émergents affecter le scénario de sortie de crise des économies plus matures. Certes, fin janvier et début février 2014, les indices S&P 500 et Eurostoxx étaient orientés à la baisse, avec respectivement des scores de -3,5 % et -5,5 % sur 3 semaines, mais, pour Stéphane Déo, l'influence des émergents n'explique pas à elle seule ces chutes : « Il s'agit également d'une correction naturelle après une forte hausse des marchés. »

Par ailleurs, l'analyse des précédentes crises des émergents (celle de 1997-98 par exemple) est plutôt rassurante : si une légère corrélation peut être observée dans les premiers temps de la crise avec les économies développées, la tendance dominante est à la décorrélation. Mais ce constat est-il transposable aujourd'hui, alors que les économies sont beaucoup plus interdépendantes ? En effet, le poids des économies émergentes dans le PIB mondial a fortement augmenté et le montant des prêts octroyés par les banques occidentales aux acteurs des économies émergentes a plus que quadruplé (voir Schéma). En Turquie, par exemple, les établissements allemands et français sont très exposés, mais aussi les banques grecques !

D'où la mise en garde de Stéphane Déo : « Si les banques occidentales cessent de financer les économies émergentes, celles-ci pourraient s'enfoncer dans une crise plus profonde. » Dès lors, les économies développées pourraient en souffrir, et notamment les banques européennes. S.G.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº770