Square

Crise sanitaire

Covid-19 : les syndicats réclament une meilleure protection des salariés de la banque

Créé le

18.03.2020

-

Mis à jour le

24.03.2020

En quelques jours, le télétravail a effectué une montée en puissance spectaculaire dans les services centraux des banques.

« Dès les mesures annoncées par Emmanuel Macron contre l'épidémie de coronavirus, lundi soir 16 mars, la situation était très tendue, constate Frédéric Guyonnet, président national SNB CFE-CGC, première organisation syndicale du secteur bancaire. Les lignes téléphoniques de nos syndicats ont explosé, sous la pression d’appels de salariés qui ont l’obligation de recevoir du public sans protection particulière. » Les syndicats de la banque ont exigé des directions « de prendre leur responsabilité pour la santé des collègues », selon les mots d’un communiqué de la CFDT Banques et Assurances.

Masques FFP2, gel hydroalcoolique, gants jetables

Les organisations syndicales ont réclamé l’équipement de protection qu’ils estimaient nécessaire pour recevoir le public en sécurité : masques FFP2, gel hydroalcoolique, gants jetables. « Une majorité d'agences est équipée en gants et en gel, indiquait le 20 mars Frédéric Guyonnet, mais il est toujours impossible de recevoir des masques. » Le secteur bancaire, à l'heure où nous écrivons, ne bénéficie pas de stocks réservés de masques. Les syndicats demandaient aussi que les agences soient fermées au public, sauf pour les opérations vitales. « C'est chose faite dans la plupart des réseaux, qui ouvrent leurs agences désormais sur rendez-vous », poursuit Frédéric Guyonnet, le 20 mars.

Après les annonces du président de la République, des salariés des banques avaient demandé à exercer leur droit de retrait, face à un danger qu’ils estimaient grave et imminent pour leur vie et leur santé.

« Mais lorsque vous ne souffrez pas de pathologies particulières ou que vous ne gardez pas d’enfants de moins de 16 ans, ce n’est pas possible, souligne le président du SNB CFE-CGC. Le gouvernement a déclaré le secteur bancaire “opérateur d’importance vitale ” (OIV) pour la Nation. Un droit de retrait dans ce cadre risquerait d’être requalifié en abandon de poste, car nous nous devons d’assurer ce service d’importance vitale pour la Nation. »

Droit de retrait potentiellement requalifié en abandon de poste

Un « coup de gueule du SNB CFE-CGC », diffusé sur les réseaux sociaux précisait : « Pour les banques qui ne serviraient pas les clients et qui n’assureraient pas le service minimum tel que le veut la loi, la perte de l’agrément bancaire peut être envisagée, et donc la perte pure et simple du droit d’exercer une activité bancaire pendant et après la crise ! »

Dans les services centraux, sans contact avec le public, la situation s'est également révélée compliquée en début de crise. « Dans ces vastes open spaces, des plates-formes regroupent des centaines de collaborateurs qui travaillent les uns à côté des autres, en espace clos, explique Frédéric Guyonnet. Dans ces conditions, il n'était pas possible de respecter des consignes sanitaires officielles : limitation des contacts au quotidien à un maximum de cinq personnes, distance d’au moins un mètre durant les échanges, etc. » En quelques jours, le télétravail a effectué une montée en puissance spectaculaire dans les services centraux des banques : le 20 mars, on comptait 5 000 salariés en télétravail chez LCL, 11 000 à 12 000 chez BNP Paribas, 25 000 dans le groupe BPCE. Les banques reviennent de loin. « Certains réseaux bancaires étaient en train d’expérimenter des dispositifs de télétravail quand est survenue la crise du coronavirus. Ils ont tenté de le déployer à grande échelle. Mais leurs systèmes informatiques ne sont pas encore calibrés pour de gros volumes, les connexions explosaient », retrace Frédéric Guyonnet.

Une cartographie des métiers essentiels a également été réalisée en deux jours. « Nous avons demandé d’identifier avec précision les métiers dont la présence physique n’est pas essentielle à l’activité bancaire, comme les services formation ou immobilier, par exemple. En attendant des mesures telles que le chômage technique, ces personnes doivent rester chez elles, afin de libérer des espaces immobiliers à redéployer pour les services essentiels, qui permettent de préserver les distances physiques entre chacun. »

Éviter tout risque d'affluence

Contactée par Revue Banque, la Fédération Bancaire Française (FBF) a indiqué « comprendre les inquiétudes soulevées par les organisations syndicales » et être « en contact quotidien avec elles ». « Chaque établissement respecte les gestes barrières préconisés par les autorités sanitaires permettant de protéger les salariés, assure l'organisation professionnelle. Dès lors que les procédures d’éloignement et de désinfection sont respectées, les autorités sanitaires ne considèrent pas que la fourniture de masques constitue une mesure de sécurité pour les salariés. » Enfin, « chaque établissement met en place des consignes précises vis-à-vis de ses clients pour les inciter à reporter leurs demandes et limiter leurs déplacements en agence, privilégier les contacts avec leur conseiller par téléphone ou via les plateformes dédiées. À ce titre, les mesures de distanciation sociale, essentielles pour contrer la propagation du virus, tout en évitant tout risque d’affluence ou de comportements irrationnels qu’engendreraient des fermetures non contrôlées, sont mises en œuvre dans les agences. »

G. D.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº843