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Change & taux

Comment sortir des rendements nominaux négatifs ?

Créé le

19.09.2016

-

Mis à jour le

30.09.2016

La croissance américaine des trois derniers trimestres (+ 0,9% sur un an) confirme que les pays du G7 ont basculé dans une stagnation séculaire. Celle-ci est en réalité la conséquence retardée de la stratégie mercantiliste de surcompétitivité, amorcée par Pékin dès 1995 et accentuée après son accession à l’OMC en 2001 : elle implique pour les pays du G7 des déficits commerciaux énormes et croissants vis-à-vis de la Chine, ce qui les expose à une dépression. Les gouvernements du G7 ont pourtant opté pour la passivité commerciale face à Pékin, croyant à tort disposer d’antidotes valables.

  • De 2001 à 2008 : les banques centrales du G7 ont recours à des taux directeurs très bas pour encourager l’endettement et la dépense des ménages. L’immobilier décolle (ce qui n’empêche pas la croissance de s’affaiblir), mais la bulle immobilière et les excès d’endettement finissent par enclencher une crise majeure de l’immobilier et du secteur bancaire qui fait basculer le G7 dans la grande récession de 2008-2009.
  • De 2009 à 2012 : les gouvernements du G7 optent pour une relance budgétaire jamais vue, à la fois massive et généralisée. Cette initiative permet de sortir de la grande récession, mais doit vite être abandonnée après qu’un alourdissement brutal des dettes publiques a suscité une grave crise de confiance en 2011-2012.
  • Depuis 2013 : les banques centrales du G7 procèdent à des achats massifs d’obligations et abaissent à presque zéro leurs taux directeurs. La rechute redoutée en récession est certes évitée mais la croissance du G7 s’affaiblit et se limitera même à 1 % en 2016. En Chine, suite à un durcissement salarial brutal fin 2012, la demande intérieure ralentit brusquement, ce qui induit un effondrement mondial des matières premières après mi-2014. Au sein du G7, une croissance faible avec une inflation désormais voisine de zéro ne peut que rendre négatifs les rendements souverains nominaux, ce qui introduit un risque systémique pour les banques commerciales, les compagnies d’assurance vie et les fonds de retraite.
Constatant que leurs antidotes supposés s’avèrent tous très dangereux, les gouvernements du G7 se devraient de ne plus tergiverser face à la stratégie de Pékin. C’est seulement s’ils reprennent durablement à la Chine les parts du marché manufacturier mondial, qu’ils pourront redresser leur production et leur investissement productif et rétablir des rendements nominaux positifs, ce qui est devenu indispensable et urgent.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº800