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Change & taux

Colombes, vraiment ?

Créé le

21.04.2016

-

Mis à jour le

27.04.2016

La Réserve fédérale sera extrêmement prudente dans l’inflexion de sa politique, elle le dit et le répète : elle ne relèvera le taux directeur qu’avec circonspection. D’ailleurs, l’anticipation médiane des membres du FOMC pour la fin de l’année montre seulement deux hausses d’un quart de point cette année. Malgré cela, les marchés semblent encore plus timides, puisque c’est à peine une hausse qui est prise en compte implicitement dans les prix. Et pourtant, il y aurait bien des raisons non seulement d’écouter la banque centrale mais même peut-être d’être un peu plus agressif. Ainsi, il n’est pas évident du tout que le dernier communiqué du FOMC soit aussi accommodant que l’interprétation qui en a été le plus souvent donnée. Certes il rappelle les risques qui pèsent sur l’économie, mais le Comité ne surveille plus que l’inflation, et non plus l’environnement international et financier et son impact sur l’emploi et l’inflation, comme précédemment. Dans le discours qu’elle a prononcé peu après, Mme Yellen rappelle, bien sûr, que les hausses de taux à venir seront graduelles et dépendront des données, mais elle déclare aussi qu'« il ne serait pas si surprenant que l’inflation monte plus vite qu’attendu dans les prochaines années ». Ce n’est pas un propos si « colombe » ! Et il faut le prendre au sérieux : les chiffres montrent une accélération certaine, quoique modérée, des prix, et certaines mesures d’inflation sous-jacente, telles que l’inflation médiane, sont désormais sensiblement au-dessus de 2 %. Les minutes de la dernière réunion du FOMC montrent que certains membres envisagent même une hausse dès ce mois d’avril ! N’exagérons pas : il serait sans doute imprudent, pour l’instant, de procéder à un relèvement aussi peu anticipé. Mais à l’inverse, il est frappant de voir qu’un banquier central aussi résolument colombe que M. Evans (président à Chicago) se montre désormais d’accord avec l’anticipation médiane du FOMC, soit deux hausses cette année. Au total, la configuration est la suivante : la croissance devrait être supérieure à 2 %, le marché de l’emploi est suffisamment vigoureux pour qu’on puisse juger qu’on se rapproche du plein-emploi, l’inflation est en hausse, tandis que :

  • le taux directeur est encore très bas ;
  • la taille du bilan est gigantesque ;
  • il faut quelque 18 mois pour qu’un mouvement de taux fasse sentir ses effets dans l’économie.
Serait-il si absurde d’anticiper trois hausses plutôt que deux ?

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº796