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L'actualité des M&A bancaires

China Construction Bank sort du bois

Créé le

16.10.2012

-

Mis à jour le

19.11.2012

À l'instar de China Construction Bank (CCB), les grandes banques chinoises pourraient vouloir profiter de la crise de la dette en Europe pour procéder à des rachats à bon prix.

Dans un marché mondial des fusions-acquisitions bancaires atone (voir Encadré 1), le fait marquant est venu d'outre-Manche. Dans un entretien accordé le 16 septembre [1] au Financial Times, le président de la deuxième banque chinoise, Wang Hongzhang, a affirmé disposer de quelque 100 milliards de yuans (16 milliards d'euros) de trésorerie pour réaliser une acquisition ou, au moins, prendre une participation de l'ordre de 30 à 50 % dans un établissement européen de premier plan. Le dirigeant de China Construction Bank (CCB) s'est refusé à citer des cibles potentielles, mais il a indiqué que les pays les plus attractifs étaient le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France. Depuis lors, la britannique Royal Bank of Scotland et l'allemande Commerzbank figurent parmi les principaux noms qui circulent.

Même si cette déclaration, pour le moins inhabituelle, est à prendre avec prudence, elle révèle néanmoins une double réalité.

D'une part, les banques chinoises disposent aujourd'hui de moyens financiers considérables : les quatre plus grandes banques chinoises (ICBC, CCB, Agricultural Bank et Bank of China) appartiennent au top 10 des capitalisations bancaires mondiales et leurs valorisations battent des records. Par ailleurs, l'investissement évoqué plus haut ne représente que 10 % de la valeur de CCB en Bourse. Enfin, leurs profits ont atteint de nouveaux sommets : pour le seul deuxième trimestre 2012, Industrial & Commercial Bank of China (ICBC) a enregistré un bénéfice de 62 milliards de yuans (7,8 milliards d'euros) ; quant à CCB, elle a dégagé un profit d'environ 106 milliards de yuans (13 milliards d'euros) sur l'ensemble du premier semestre 2012, contre 80 milliards de yuans et 72 milliards de yuans respectivement pour Agricultural Bank et Bank of China.

D'autre part, l'appétit des mastodontes bancaires chinois pour des acquisitions à l'étranger devient un impératif stratégique, non seulement en vue d'acquérir des savoir-faire indispensables, mais aussi et surtout afin de trouver des relais de croissance. En effet, les années fastes semblent révolues, comme en témoigne la présentation des derniers résultats [2] trimestriels, qui a montré que les banques chinoises font face à une nette dégradation de leur marché domestique (baisse de la demande de nouveaux crédits, hausse des défauts de paiement…). De plus, la Banque Populaire de Chine est en train de dynamiser la concurrence sur le marché bancaire intérieur, jusqu'alors très encadré, une décision attendue depuis longtemps par les clients, mais qui risque d'affecter négativement leurs marges.

Les banques chinoises étaient jusqu'à présent restées prudentes vis-à-vis de leurs homologues européennes, bien que l'Union européenne soit leur premier partenaire commercial. ICBC, qui a été de loin la plus active à l'international ces dernières années, a ainsi concentré ses 6 milliards de dollars d'opérations de croissance externe sur les zones asiatique, sud-africaine et américaine. Une transaction d'un tel montant serait la plus importante jamais réalisée par un établissement bancaire chinois à l'étranger. Le record est pour le moment détenu par la première banque du pays (ICBC), qui a dépensé en 2008 près de 5,5 milliards de dollars pour une prise de participation de 20 % dans le capital de Standard Bank en Afrique du Sud.

On peut néanmoins se demander si, à la croissance « molle » et à la maturité des marchés du Vieux Continent, les banques chinoises ne vont pas au final préférer le dynamisme économique et le fort potentiel de développement de pays émergents concurrents ?
Achevé de rédiger le 16 octobre 2012

 

1 Une semaine plus tôt, la CCB avait annoncé l’ouverture d’une filiale et d’une succursale au Luxembourg, afin de déployer une tête de pont sur le Vieux Continent. 2 Les bénéfices des cinq principales banques chinoises sont en hausse de 15 % au premier semestre 2012, contre 31 % un an plus tôt.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº753
Notes :
1 Une semaine plus tôt, la CCB avait annoncé l’ouverture d’une filiale et d’une succursale au Luxembourg, afin de déployer une tête de pont sur le Vieux Continent.
2 Les bénéfices des cinq principales banques chinoises sont en hausse de 15 % au premier semestre 2012, contre 31 % un an plus tôt.