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La Bundesbank décapitée

Créé le

26.10.2021

Il symbolisait à lui seul la rigueur monétaire et budgétaire à l’allemande : c’est peu dire que la démission de Jens Weidmann de la Bundesbank, dont il abandonnera la présidence à la fin de l’année, n’est pas passée inaperçue. Elle a d’autant plus surpris qu’il l’a annoncée au beau milieu du débat sur la politique monétaire à Bruxelles et deux ans à peine après le début de son second mandat, dix ans après qu’il a été choisi par Angela Merkel pour prendre les rênes de la banque centrale allemande, en pleine crise de l’euro et de la dette grecque. Pour le Financial Times et le très libéral Frankfurter Allgemeine Zeitung, son départ signe « la fin d’une ère », tandis que Reuters y voit la preuve que « les faucons sont désormais une espèce en danger ».

Officiellement, Jens Weidmann a renoncé à son poste pour « ouvrir un nouveau chapitre » de sa vie. Officieusement, à en croire ses proches, il ne supportait plus la direction prise par la Banque Centrale Européenne à l’occasion de la crise du Covid, bien trop laxiste à son goût. Dans sa lettre d’adieu aux employés de l’institution, il ne peut d’ailleurs s’empêcher d’envoyer un avertissement aux gouverneurs de la BCE, à qui il rappelle, fidèle à l’orthodoxie monétaire qui a présidé à ses deux mandats, qu’il sera crucial, à l’avenir, « de ne pas considérer seulement les risques de déflation, mais aussi de ne pas perdre de vue les risques d'inflation potentiels » et qu’il conviendra de « ne pas se laisser entraîner par la politique budgétaire ou les marchés ».

Qui pour le remplacer, se demandent des Européens sous le choc ? Ce sera à Olaf Scholtz, le nouveau chancelier allemand, et à sa coalition « feu tricolore » rouge-jaune-vert de répondre à cette question, après qu’ils auront pris leur fonction, probablement dans le courant du mois de décembre. Les discussions s’annoncent vives entre les trois partenaires, sociaux-démocrates du SPD, écologistes et libéraux du FDP, dont on sait qu’ils ne posent pas tout à fait le même regard sur la politique monétaire.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº861
RB