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Chronique Change et Taux

BRI/Fed: Un débat prématuré

Créé le

21.07.2014

-

Mis à jour le

02.09.2014

Le désaccord entre la BRI et la Réserve fédérale semble aujourd’hui profond. La première attribue aux politiques monétaires trop accommodantes la responsabilité de la crise financière de 2007 : en maintenant leurs taux trop bas, les banques centrales ont encouragé une montée déraisonnable de l’endettement des agents privés mais aussi du levier de prise de risque du secteur financier. La seconde soutient, au contraire, qu’une hausse des taux d’intérêt aurait peut-être pu ralentir la progression de l’endettement des ménages, mais pas celle du levier du secteur financier. En outre, en poussant le chômage à la hausse, elle aurait fragilisé le bilan des agents privés, y compris celui des ménages « raisonnablement » endettés.
Savoir qui a raison est important. Si c’est la BRI, il faut d’urgence mettre un terme aux politiques monétaires accommodantes : en tentant d’éviter une baisse des prix – que la BRI juge au fond salutaire –, les politiques monétaires actuelles encouragent à nouveau la formation de déséquilibres financiers. L’analyse de la Réserve fédérale est différente : en remontant prématurément les taux d’intérêt ou en mettant trop tôt fin aux politiques non conventionnelles, les banques centrales freineraient la progression de la demande à un moment où le niveau du chômage est toujours jugé anormalement élevé.
Si ce débat était prévisible, il semble étonnamment précoce : non seulement la progression des salaires est partout contenue, mais nulle part le « canal du crédit » ne fonctionne normalement. Aux Etats-Unis, le crédit hypothécaire n’est toujours pas reparti et dans la zone euro, l’encours de prêts bancaires continue de se contracter. Il est peut-être des moments où la politique monétaire doit être mise au service de la stabilité financière, mais demander aux banques centrales de relever aujourd’hui leurs taux, en l’absence de tout dérapage du crédit, au risque de freiner une demande dont la progression est déjà trop faible, est pour le moins prématuré…

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº775