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Du bon usage des notations

Créé le

24.05.2012

-

Mis à jour le

30.05.2012

Les agences de notation, auxquelles sont reprochés entre autres une méthodologie inadaptée, des conflits d’intérêt structurels et une situation d’oligopole, sont au banc des accusés. Faut-il les condamner ? Le dossier de Revue Banque fait la part des choses : les avis des agences de notation ont pour avantage d’être des outils simples offrant une comparabilité internationale, comme le souligne Benoit Hubaud (SG CIB). Mais il ne faut pas vouloir leur faire dire plus qu’ils ne le peuvent. Ce recentrage viendra d’abord d’un meilleur usage, en couplant les notations avec d’autres informations qualitatives ou quantitatives, et surtout sans faire l’économie d’une véritable analyse en interne des risques, dont les ratings ne seraient qu’une des composantes ; il viendra également d’une régulation adaptée : une réforme des règlements CRA [1] est en cours, analysée par Jean-Pierre Gauzès (Parlement européen). Enfin, des projets d’agences de notation alternatives sont à l’étude : Annick Masounave (Revue Banque), qui a piloté le dossier, en détaille l’état d’avancement.

Ni Vickers, ni Dodd Frank

Pour organiser la séparation des activités de banque de dépôt et de marché, dont le nouveau gouvernement a fait une priorité, Georges Pauget (Économie Finance & Stratégie) propose une troisième voie, sous forme d’une « séparation des activités grâce à une structuration du bilan, en laissant les entreprises bancaires libres de leur organisation et sans surcoût autre que financier ». Celle-ci passe par la création d’un véhicule spécial d’investissement pour cantonner le financement des activités de marché et supporter, le cas échéant, les pertes générées par ces dernières.

La conformité, c’est bien pour le PNB !

« Il est temps de sortir d’une logique de conformité réglementaire, où le seul gain possible se situe sur le terrain juridique » affirment Béatrice Bon-Michel (CNAM) et Benoît Pigé (Université de Franche-Comté). Analyse à l’appui, ils montrent que les exigences de conformité peuvent contribuer au développement commercial, appuyer la logique de responsabilité sociale de la banque… et pourquoi pas, servir de support publicitaire : après le cynisme des années 1970 (« Votre argent m’intéresse »), l’éthique des années 2000 : « la banque qui mérite la confiance de ses clients ».

Crise souveraine

Dans le tourbillon chahuté des marchés et de l’actualité, il est parfois nécessaire de prendre du recul. C’est à cet exercice exigeant que se sont livrés professionnels, professeurs et régulateurs dans le supplément de Revue Banque, réalisé ce mois-ci en partenariat avec l’AMAFI sur le thème « Face aux marchés, les États sont-ils encore souverains ? ». Comme le pointe Philippe Tibi (AMAFI) dans son avant-propos, ils se sont interrogés sur des questions de fond : la recherche de l’équilibre est-elle le fondement de toute politique budgétaire ou le reflet d’une idéologie dominante ? La science économique peut-elle composer avec la disparition de l’actif sans risque ? Surtout, la crise de la dette souveraine occidentale ne marque-t-elle pas le basculement de l’axe de gravité du monde économique, des puissances développées vers leurs créanciers, régimes émergents ou producteurs de matières premières ? Le début d’une nouvelle ère, en quelque sorte.

 

1 Credit Rating Agency.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº749
Notes :
1 Credit Rating Agency.