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Change et taux

BCE : une décision équivoque ?

Créé le

16.01.2017

-

Mis à jour le

30.01.2017

Mario Draghi serait-il, à son tour, passé maître dans l’art de manier l’ambiguïté ? Comme Alan Greenspan, il semble capable de rassurer les marchés, sans que l’on soit vraiment sûr d’avoir compris ce qu’il veut dire. En annonçant, mi-décembre, que la BCE prolongeait son programme d’achats de titres mais en réduisait le rythme, Mario Draghi en a troublé plus d’un.

Certains y ont vu le signe d’une banque centrale souhaitant freiner un gonflement préoccupant de son bilan, mais craignant la réaction des marchés ; d’autres, au contraire, ont compris que la banque centrale était résolue à poursuivre sa politique d’assouplissement quantitatif bien au-delà de 2017, mais qu’elle était contrainte d’adapter le montant de ses achats à la raréfaction des titres disponibles; enfin, d’autres ont interprété cette décision comme un simple compromis entre les membres d’un conseil de politique monétaire de plus en plus divisé.

L’annonce de décembre est en réalité moins ambiguë qu’il n’y paraît. Conserver, pendant encore plusieurs mois, une politique accommodante, fait sens. Compte tenu du désendettement très lent du secteur privé et de la faiblesse de la reprise, les entreprises comme les ménages européens sont aujourd’hui peu enclins à emprunter… et ce malgré le niveau très bas des taux d’intérêt.

En même temps, s’engager aujourd’hui sur la politique qui sera menée en 2018 serait imprudent… et surtout inutile : si la reprise du crédit reste modeste, la conjoncture n’est plus déprimée au point de nécessiter un engagement « odysséen » de la banque centrale. Mario Draghi a d’ailleurs pris le soin de préciser que, même sur l’année 2017, la politique de la BCE restait conditionnelle à l’évolution de la situation de l’économie. Sa décision de décembre n’a rien d’impénétrable : la banque centrale a clairement indiqué la route qu’elle entendait suivre… en se réservant le droit de s’arrêter dès que son but sera atteint !

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº805