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Change et taux

La BCE durcit le ton

Créé le

15.03.2011

-

Mis à jour le

30.03.2011

L’inflation de la zone euro atteint désormais 2,4 %, plus que l’objectif de « moins de 2 % mais proche de 2 % » que s’est assigné la banque centrale. Voilà que la BCE durcit soudainement le ton et laisse attendre une hausse imminente du principal taux directeur. Ce serait la première des grandes banques centrales, parmi les pays développés, à resserrer sa politique. Des critiques s’élèvent déjà, rappelant la hausse de juillet 2008, en pleine crise économico-financière et alors que le prix du pétrole tirait vers le haut les prix à la consommation. En effet, comme à l’époque, la hausse des prix est largement circonscrite aux produits énergétiques et, dans une moindre mesure, alimentaires. Les salaires n’augmentent pas; les autres biens et services ne se renchérissent guère. De plus, à la différence de 2008, les anticipations d’inflation ne dérapent pas.

Dans ce contexte, on est tenté de penser que toute l’inflation vient du pétrole. Mais on n’imagine guère que le taux directeur de la BCE ait une influence quelconque sur la situation en Libye. De plus, M. Trichet a pris grand soin de préciser que la hausse ne serait pas forcément la première d’une série et que les mouvements seraient limités à 25 points de base.

CPR Asset Management table sur trois hausses d’un quart de point d’ici la fin de l’année, ce qui amènerait le taux des opérations principales de refinancement à 1,75 %. Pas de quoi faire dérailler la croissance – les taux réels courts comme longs restent largement négatifs. Mais si cela n’a qu’un effet limité sur la croissance, cela peut-il en avoir un sur l’inflation, alors même que les agrégats monétaires et de crédit progressent déjà plus que modérément ? L’insistance avec laquelle M. Trichet a répété que « la BCE tiendra ses engagements en terme de stabilité des prix » donne à notre sens la clé de ce mouvement annoncé. Il s’agira d’ancrer les anticipations de prix, et par là même le comportement de prix, plutôt que d’influer sur l’économie réelle. L’avenir dira si cela est suffisant… et si cela était nécessaire.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº735