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Banque asiatique pour les infrastructures : un pion dans le jeu de go de la Chine

Créé le

17.04.2015

-

Mis à jour le

27.04.2015

Mais que veut la Chine ? En ralliant la majorité des pays européens, dont le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, à son projet de création d’une banque asiatique des investissements en infrastructures (AIIB en anglais), Pékin a marqué les esprits. Certains observateurs y voient une déclaration de guerre aux institutions financières de Bretton Woods, le FMI et la Banque Mondiale. Pour Christophe Destais, directeur adjoint du Cepii, la réponse doit être nuancée : « Il y a un malaise vis-à-vis de ces institutions. L’intervention massive du FMI dans la crise européenne et sa clémence avec la Grèce n’ont pas résonné de manière agréable aux oreilles des pays asiatiques. D’autant que les réformes permettant aux émergents d’accroître leur poids dans sa gouvernance sont bloquées par le Sénat américain. Mais rien n’indique une stratégie de rupture. Il s’agit davantage, pour la Chine, de renforcer sa position sur la scène internationale, en tentant, comme dans un jeu de go, de gagner des territoires en plaçant ses pions. L’AIIB en est un. » C’est aussi l’occasion, pour Pékin, de fabriquer des débouchés pour ses surcapacités de production en infrastructures, héritage des plans de relance. « Les pays asiatiques ont besoin de ces infrastructures mais n’ont pas les moyens de les payer. C’est là qu’intervient l’AIIB », poursuit le chercheur. Pour les pays européens, il était également délicat de suivre la position américaine et de refuser cette participation aux négociations de création de la nouvelle banque au prétexte que ses futurs standards en matière de corruption et d’environnement ne seraient pas conformes à ceux des institutions de Bretton Woods. Les négociations visent justement à définir ces standards. Pour les entreprises européennes, notamment bancaires, l’AIIB pourra enfin receler des opportunités d’affaires. La future banque devrait émettre en renminbi et les places européennes, récemment positionnées comme centre offshore pour la monnaie chinoise, pourraient vouloir jouer un rôle.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº784