Une fois encore, le secteur bancaire espagnol a fait la une de l'actualité au cours du mois écoulé. D’une part, trois nouvelles caisses d’épargne, Ibercaja, Liberbank et Caja3, ont annoncé leur fusion à la fin mai (voir Encadré 1). Avec 114 milliards d’euros d’actifs, plus de 2 800 agences et près de 6 millions de clients, ce rapprochement va donner naissance au septième groupe financier du pays derrière CaixaBank, BBVA, Santander, Bankia, Banco Sabadell et Banco Popular. Le nouveau groupe sera même leader dans six des dix-sept communautés autonomes d’Espagne – Aragon, Asturies, Cantabrie, Castille-La-Manche, Extremadure et La Rioja –, avec une part de marché supérieure à 10 %. Ibercaja détiendra 46,5 % du nouvel ensemble contre 45,5 % pour Liberbank et seulement 8 % pour Caja3.
D’autre part, la quatrième banque du pays, Bankia, a fait l’objet d’une nationalisation en urgence par le gouvernement espagnol. C’est la conséquence d’une surexposition au secteur immobilier domestique, avec 31,8 milliards d’euros d’actifs dits
Ce dernier cas conduit à formuler trois réflexions.
En premier lieu, le désastre Bankia, né du rapprochement en 2010 de sept caisses d’épargne, pose la question de la pertinence des fusions réalisées ces dernières années en Espagne entre des caisses d’épargne fragilisées pour former des entités de grande taille, sous prétexte qu’elles seront plus résilientes. Avec le recul, il apparaît au final que cette logique, encouragée dès 2008 par les autorités de tutelle espagnoles, a davantage multiplié les difficultés qu’elle ne les a résolues. En effet, les cajas ont fusionné dans l’urgence sans prendre le temps d’assainir au préalable leur bilan. Par ailleurs, certaines de ces unions ont été guidées par des considérations d’ordre politique et non par un véritable projet stratégique à long terme.
En second lieu, l’exemple de Bankia met en évidence l’insuffisance de la construction européenne sur le plan bancaire. En la matière, trois axes semblent prioritaires :
- l'instauration d’un système fédéral de garantie de dépôts ;
- la mise en place d’un véritable régulateur européen ;
- la création d’un mécanisme européen d’intervention d’urgence, comportant notamment des règles de recapitalisation directe des banques au niveau de l’Union.
Achevé de rédiger le 17 juin 2012.