À l'heure où de nombreux assureurs souhaitent s'inscrire dans la tendance actuelle à la désintermédiation, le groupe AXA investit dans des prêts bancaires octroyés à des entreprises de taille intermédiaires (ETI). Il a été novateur en nouant dès 2012 des partenariats avec des banques françaises, Société Générale et Crédit Agricole CIB. Un nouvel accord a été dévoilé le 6 juin, cette fois avec une banque allemande, Commerzbank. Le principe demeure le même : après un examen des dossiers par les deux partenaires, la banque origine le prêt, et en cède la plus grande part à AXA. Avec cette nouvelle alliance, les entreprises visées sont des ETI situées en Allemagne, en Suisse et en Autriche.
Une réglementation encore inadaptée
Les assureurs composent avec une réglementation peu adaptée à ces investissements sous forme de prêts. Certes le Code des assurances évolue en France pour faciliter cette forme de désintermédiation, mais la situation est très contrastée à l'échelle européenne. Par exemple, « en Belgique, les contraintes fiscales sont très fortes, en particulier pour les investisseurs situés en dehors de ce pays, explique Laurent Clamagirand, directeur des investissements du Groupe AXA. Nous parvenons à mettre en œuvre notre volonté d'investir dans des prêts bancaires mais cela n'est pas facile. Dans certains pays il est même totalement interdit aux assureurs de porter des prêts à leur bilan. »
Des régulateurs intrigués
Le modèle originate to distribute intrigue les régulateurs européens qui ont demandé à AXA de décrire le fonctionnement de ces partenariats de co-investissement avec des banques. « Je suis allé à Francfort [où siège l'
La désintermédiation sous l'œil de la Banque de France
Lors d'une conférence organisée par l'EIFR, le second sous-gouverneur de la Banque de France, Robert Ophèle, a fait part de son point de vue sur ces investissements sous forme de prêts : « Nous souhaitons que les assureurs sachent mesurer les risques de cette nouvelle classe d'actifs. D'autre part, s'agissant des
De nombreux facteurs poussent au développement de ce modèle originate to distribute : l'environnement de taux bas encourage les assureurs à rechercher des classes d'actifs alternatifs, la réglementation incite les banques à alléger leurs bilans, le financement de l'économie ne doit pas faiblir… la tendance à la désintermédiation bancaire pourrait bien devenir un mouvement de fond. S.G.