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Transition énergétique

AXA aiguillonné par une ONG

Créé le

17.05.2017

-

Mis à jour le

24.05.2017

Prenant part à la transition vers une économie bas carbone, le Groupe AXA faisait figure de pionnier en mai 2015 en annonçant qu’il allait réduire ses investissements dans l’industrie du charbon : le géant français de l’assurance adoptait alors une politique de désinvestissement des entreprises qui tirent plus de 50 % de leur chiffre d’affaires de l’industrie du charbon (secteurs des mines et des infrastructures électriques). Mais l’association écologiste Les Amis de la Terre, estimant qu’AXA n’a pas suffisamment poursuivi ses efforts, a annoncé qu’elle allait interpeller Thomas Buberl, directeur général de cette entreprise, lors de son assemblée générale du 26 avril 2017. L’objectif était notamment de pousser le groupe AXA à généraliser sa pratique à l’ensemble de ses investissements c’est-à-dire d’inclure la gestion pour compte de tiers et pas seulement pour compte propre. En effet, le Groupe AXA ne se contente pas de gérer ses propres actifs ; il gère aussi, au travers de ses filiales de gestion d’actifs, des actifs pour compte de tiers.

Coupant l’herbe sous le pied de l’ONG, la société de gestion d’actifs AXA IM, qui fait partie du Groupe AXA, a annoncé la veille de l’assemblée générale qu’à compter du 30 juin 2017, elle étendait sa politique de désinvestissement du charbon aux comptes de tiers qui l’ont accepté, après un long dialogue avec eux. Directeur général d’AXA IM, Andrea Rossi, explique cette décision : « En tant qu’investisseur responsable et actionnaire engagé, nous sommes convaincus que ne plus investir dans les entreprises les plus exposées au secteur du charbon peut aider à réduire les risques des portefeuilles sur le long terme. Cela passe par la réduction de l’exposition à des actifs qui pourraient devenir des “actifs bloqués” [1] dans le futur, alors que le monde s’oriente vers le seuil limite du réchauffement climatique à 2°C. »

Saluant un progrès au niveau d’AXA IM, les Amis de la Terre estiment que c’est à présent à AB, l’autre filiale de gestion d’actifs d’AXA, de fournir le même type d’effort. Selon AXA, AB opère sur un marché (aux Etats-Unis) dont les clients sont beaucoup moins réceptifs à ces sujets.

Autre reproche émis par l’association : le seuil de 50 % n’est plus suffisamment exigeant. Et l’ONG de citer l’exemple de l’assureur allemand Allianz qui a retenu un seuil de désinvestissement de 30 %. Et le souhait ultime de l’association est la fin des investissements dans des entreprises qui continuent de construire de nouvelles centrales à charbon, « quel que soit leur taux d’exposition au charbon ». Outre la fin des investissements, l’association souhaite aussi que les assureurs cessent d’assurer les entreprises qui continuent de développer l’industrie du charbon (voir Encadré).

Pour l’ONG, Les assureurs ont tout intérêt à favoriser la réduction du recours aux énergies fossile car celles-ci contribuent au réchauffement climatique qui génère une augmentation du nombre de catastrophes naturelles et donc des montants d’indemnisations. Pour les Amis de la Terre, le montant des primes ne peut pas être augmenté indéfiniment et « les risques à grande échelle qui se multiplient aujourd’hui pourraient atteindre les limites de l’assurabilité : difficiles à appréhender et donc à anticiper, les sociétés d’assurance ont du mal à évaluer leurs conséquences éventuelles ». S. G.

 

1 énergies fossiles et ressources de production qui, avant la fin de leur vie économique (telle que présumée au moment de la décision d’investissement), ne peuvent plus percevoir de rendement économique en raison des changements sur le marché et de l’environnement règlementaire associés à la transition énergétique globale vers une économie bas carbone.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº809
Notes :
1 énergies fossiles et ressources de production qui, avant la fin de leur vie économique (telle que présumée au moment de la décision d’investissement), ne peuvent plus percevoir de rendement économique en raison des changements sur le marché et de l’environnement règlementaire associés à la transition énergétique globale vers une économie bas carbone.
RB